Saison 1943-44 : la première

Une première saison perturbée dès son début par les bombardement alliés qui touchent Nantes en plein coeur. Dans ces conditions les “pionniers” du F.C. Nantes n’en auront eu que plus de mérites à réaliser une excellente première saison en championnat.

Président : Marcel Braud puis Jean Le Guillou

Entraineur : Aimé Nuic

Effectif :
Allemany I (GK), Allemany II, Béranger, Blampain (Eugène), Charly, Crépin (René), Crouzeille, David, Docquin (Emile) alias “Sanglier”, Doucet, Gaby, Garrec (Robert), Gergotich (Martial), Giovanetti (Lodo), Gonzalès (GK), Gourly, Guillet (Jean), Joly, Kerdraon (Joseph), Koniesko, Lopez (René)(GK), Moineau, Morin (René), Nuic (Aimé), “Lodo” Rivero (Victor), Ruys (GK), Sandeau,  Teigner (GK), Vischer (Charles), Yund.

Football Club de Nantes

Saison 1943-44 :

Photo FCN Saison 1943-44

Championnat : CFA Groupe Bretagne Anjou
Classement : 2ème
(18 matchs, 10 victoires, 6 nuls, 2 défaites, 33 buts marqués, 13 buts encaissés).
Buteurs : Vischer (10 buts), Nuic (5 buts), Crépin (5 buts), “Lodo” Rivero (4 buts), David (2 buts), Iund (2 buts), Moineau (2 buts), Charly (2 buts), Docquin (1 but).

Coupe de France : éliminé au 5ème tour

Pour sa première saison le Football Club de Nantes est engagé en Championnat de France Amateur. Conformément à la charte qui fut à l’origine de la naissance du FCN au mois d’avril précédent, les jaune et vert se substituent aux bleu et rouge de la St Pierre.

C’est d’ailleurs en majorité des anciens “pierrots” qui composent l’ossature de l’équipe nantaise. Aimé Nuic a, en effet, parmi les joueurs à sa disposition : Morin, Vischer, Docquin, Garrec (passé entre temps par Lyon), Gergotich, Kerdraon, Le Fur (Antoine Raab lui aussi en provenance de la St Pierre ne rejoindra le FCN que la saison suivante), tous issus du club résidant au stade du Vivier. Pour compléter cette ossature on a été cherché un gardien espagnol (Gonzalès), les défenseurs Eugène Blampain (US Boulogne) et Lodo Giovanetti (Avia Club), Victor Rivero dit “Lodo”, espagnol lui aussi, l’avant-centre David (Stade Briochin), et René Crépin (US Vaires).

L’ouverture officielle de la saison est prévue le dimanche 12 septembre 1943 avec la réception, au stade Malakoff, de l’AS Brestoise pour le compte de la première journée du Championnat de France Amateurs. Cette année là, parmi les 32 équipes professionnelles existantes, seules 16 équipes fédérales dont les joueurs sont considérés comme fonctionnaires participent à un championnat de France dit “de guerre”. Les 16 autres équipes ex-pro sont réparties avec les clubs amateurs parmi les 12 groupes géographiques qui couvrent le territoire. Au total ce sont près de 80 équipes qui participent à ce championnat CFA 1943/1944.

Le FC Nantes, quant à lui, intègre le groupe H de la CFA (Bretagne-Anjou) en compagnie de l’AS Brestoise, le SCO Angers, le Stade Rennais UC, le Stade Quimpérois, le VS Chartres, la Tour d’Auvergne Rennes, le CA Penhoet Saint-Nazaire, l’US Le Mans et l’US Servanaise Malouine (Saint-Malo).

L’équipe qui remportera ce groupe sera qualifiée, en fin de saison, pour les phases finales en vue de déterminer le champion de France CFA.

Depuis le premier entrainement, le 25 juillet, Aimé Nuic dispose de 7 semaines pour faire connaissance avec ses joueurs, les préparer, organiser l’équipe et lui donner un minimum de cohésion. Cela pourrait paraitre suffisant, sauf qu’à raison de, seulement, 2 entrainements hebdomadaires et  quelques séances de tableau noir, ça l’est beaucoup moins…

D’autant plus que le gouvernement de Vichy, et son Ministre des Sports le Colonel Pascot, a interdit durant l’été tous les matchs amicaux de préparation et, seul un galop d’entrainement avec l’E.S Couéron, le 5 septembre, va servir de répétition générale et revue d’effectif avant le grand saut.

Durant toute la semaine qui précède, la presse nantaise annonce chaque jour la première rencontre officielle du F.C. Nantes.  Ainsi le Phare de la Loire le 8 septembre :

DIMANCHE, A MALAKOFF, OUVERTURE

AVEC LE CHAMPIONNAT DE FRANCE

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A.S BREST - F.C. NANTES

L’ouverture de la saison des sports d’hiver et du Stade Malakoff aura lieu dimanche, avec le match de Championnat de France A.S. Brestoise- F.C. de Nantes. Jamais ouverture n’aura été si impatiemment attendue. Les sportifs sont, en effet, tous désireux de voir, enfin, à l’œuvre cette équipe du F.C. de Nantes dont on dit le plus grand bien. Et cela d’autant plus que, pour son premier match officiel, elle aura à se mesurer avec l’un de ses plus redoutables adversaires. L’A.S. Brestoise fut, en effet, maintes fois champion de la Ligue de l’Ouest, contre le Stade Rennais, U.S. Servanaise, C.S.J.B,  S.C.O, et autres Stades Quimpérois, et la tâche qui attend le F.C.N est particulièrement difficile, surtout pour ses débuts. Fautes de parties amicales, interdites par le Colonel Pascot, l’international Aimé Nuic, capitaine-entraineur du F.C.N, va lancer ses boys dans la nuit.Oh! certes, il sait leur belle valeur à l’entrainement. Mais quelle sera leur liaison et que donneront-ils en match ? Là est toute la question. On doit, cependant, leur faire confiance, sinon pour vaincre leur dangereux rival, du moins pour lui résister sérieusement et démontrer leurs réelles possibilités. Si la défense - Gonzales, Giovanetti, Blampain et Gergotich -  ne flanche pas, le F.C. de Nantes réussira une belle performance ce dimanche.

Quoi qu’il en soit, la réunion s’annonce fort intéressante et l’ami Pierre Simon, trésorier du club, prépare déjà sa valise pour encaisser  les 30, 20 et 10 francs, prix des places imposés par la formule du Championnat de France. Les billets d’entrée seront en vente au Café de Mulhouse, rue Gresset, dès vendredi soir.

Le Stade Malakoff se prépare à vivre un grand évènement en ce dimanche 12 septembre, d’autant que les autorités gouvernementales lèvent l’interdiction d’organiser des matchs de lever de rideau. C’est ainsi qu’à 13h15 les réservistes du F.C.N ne font qu’une bouchée de l ‘équipe première des Cheminots Nantais. Ils l’emportent par 7 à 0. Dans cette équipe réserve on annonce : les frères Teignier, Morin, Sandeau, Koniesko, les frères Doucet, Hespot, Guillet, Royer, Béranger.

A 15h00, la première équipe officielle du Football Club de Nantes entre sur la pelouse. Sont alignés par Aimé Nuic pour cette occasion :
Gonzalès - Giovanetti, Blampain - Garrec, Gergotich, Kerdraon - Crespin, Nuic, David, “Lodo” Rivero, Vischer.

“La rencontre, serrée en première mi-temps, fut toute à l’avantage de Nantes à la reprise, l’effondrement brestois permit à Nuic quelques jolies démonstrations, mais ce n’est pas encore ça, il faut savoir attendre.
Un à zéro à la mi-temps, but marqué à la 26ème minute par Lodo qui, bottant dans sa foulée logea imparablement.
Juste à la reprise, Lars, sur passe de Guénéguant G. et sur sortie prématurée de Gonzalès, égalisa. Deux minutes après, David recevant la balle d’un paquet de joueurs, l’expédia directement dans les bois. A la 8ème minute, Crépin pour ne pas être en reste, feintant Le Saout, n’eut aucun mal à battre Daniélou. Le 4ème et dernier but obtenu par un pénalty botté durement par Vischer. Pénalité bien trop sévère, qui valait au plus un coup franc à la limite de la surface de réparation.
La fin fut sifflée après le seul bel arrêt de Gonzalès.” (Phare de la Loire 13/9/1943)

C’est donc une belle victoire (4-1) qui couronne cette grande première du F.C.N sur son terrain fétiche de Malakoff. Le moral est donc au beau fixe au lendemain de cette victoire qui en appelle d’autres…Il convient de rester prudent toutefois, tant l’équipe brestoise parut à court de préparation.

L’enthousiasme du public, venu nombreux pour ce premier dimanche, laisse place à l’impatience de voir la confirmation du talent de son équipe face l’U.S Le Mans qui doit venir le dimanche suivant à Malakoff pour la 2ème journée. C’est un adversaire réputé moins coriace que les brestois, qui vient de s’incliner par 3-1 face à Saint-Nazaire.

Le jeudi 16 septembre c’est malheureusement une pluie de bombes américaines qui s’abat sur  sur la ville de Nantes, visant les infrastructures portuaires et industrielles mais détruisant aussi le centre ville. Une deuxième attaque, une semaine plus tard, aggrave le bilan : 1463 morts, 2500 blessés, 700 maisons et immeubles détruits, près de 3000 sont devenus inhabitable. Une grande partie du centre-ville et des quartiers périphériques est à reconstruire. les évènements dramatiques qui surviennent 4 jours plus tard nous rappellent douloureusement que le football n’est qu’un jeu bien futile dans ces périodes tourmentées. Il n’est évidemment plus question de jouer au football dans ces conditions.

Le stade Malakoff n’a pas été épargné, il est sérieusement endommagé et sera inutilisable pendant plus d’un an forçant le F.C.N à migrer vers d’autres stades (Stade de Procé principalement) pour recevoir ses adversaires.

Au lendemain de ces heures tragiques, il est impossible de rassembler l’équipe. Le match de la deuxième journée de championnat amateur du 19 septembre est donc logiquement reporté de même que celle du 26 septembre.
Un arrangement entre clubs permettra aux nantais jouer leurs 4 matchs de championnat suivants à l’extérieur le temps de pouvoir remettre en état les installations sportives.

Bombardements Nantes

La ville de Nantes dévastée après les bombardements de septembre 1943

Le 3 Octobre 1943, le football reprend ses droits malgré l’absence signalée de quelques joueurs (Crépin, Garrec, David). En Coupe de France, les canaris font le court déplacement à Basse-Indre pour affronter le S.N.U.C. Le F.C.N l’emporte largement par 6 à 1.

Pour leur deuxième match de championnat, les Nantais jouent leur premier derby de la Basse-Loire face au C.A Penhoet-Saint-Nazaire. Le match se déroule à La Baule, au stade des Rosières. Nuic ouvre la marque mais les nazairiens égalisent. Crépin redonne l’avantage aux nantais avant la pause.  En deuxième période les canaris souffrent d’un manque de condition physique d’autant que Nuic, claqué, reste sur le terrain mais ne peut plus guère aider son équipe. Les attaquants locaux font preuve, heureusement, d’une grande maladresse (ratant au passage un pénalty) mais finissent par arracher le match nul à la toute dernière minute de la rencontre (2-2).

A ce stade de la saison, les nantais n’ont joué que 2 matchs de championnat quand certains de leurs adversaires en ont déjà joué 4. L’ U.S. Servanaise avec 4 victoires en 4 rencontres caracole en tête du classement et se présente désormais comme l’équipe à battre avec une défense de fer (seulement 1 but encaissé).

Le 17 Octobre, le FCN, lors du quatrième tour de la Coupe de France, s’impose difficilement chez les voisins de l’US Basse-Indre (0-1). L’absence de Nuic (claqué le dimanche précédent. Une “victoire heureuse” au terme d’ “une production franchement mauvaise” face à une équipe de Basse-Indre “rapide, volontaire, accrocheuse en diable et au souffle inépuisable” qui aurait mérité à minima de jouer les prolongations.Un petit but de Crépin et une “très grande partie de Gergotich” permettent aux nantais de cueillir la qualification qu’ils étaient venus chercher.

En championnat, les canaris montrent un regain de forme, fin octobre, avec une victoire (0-2) chez la Tour d’Auvergne, à Rennes, où “la production de la sympathique équipe nantaise était attendue avec impatience et un public beaucoup plus nombreux qu’à l’habitude…le jeu fut agréable et intéressant. Les Nantais sont à féliciter pour avoir su regrouper, malgré les évènements tragiques qui les ont accablés, une formation qui aura certainement son mot à dire dans le championnat”. La semaine suivante, sur le terrain de Chartres, les canaris, menés en fin de rencontre, évitent de peu une première défaite principalement grâce au talent de leur entraineur-joueur qui marque deux buts, sur coup-franc et sur corner direct (3-3).

Cette première défaite ils la subissent en Coupe de France le 14/11/1943 à Vannes face au Véloce (2-0).

Plus embêtant que cette élimination ce sont surtout les nouvelles blessures de Nuic et Vischer qui inquiètent. Deux éléments essentiels qui seront absents au moment d’aller défier le leader, l’U.S St Servan de Saint-Malo, sur son terrain. Malgré “une splendide partie” les nantais s’inclinent logiquement (2-0).

Cela fait maintenant plus de deux mois que le public nantais est sevré de ballon rond, fin novembre les canaris retrouvent enfin leur public (Phare de la Loire 25/11/1943) :

DIMANCHE PARC DE PROCE

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Le F.C. Nantes fait sa rentrée en championnat de France

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L’annonce de la rentrée du F.C.Nantes a été à ce point bien accueillie chez nous, que beaucoup de sportifs qui ont pris l’habitude de partir, dès le samedi matin, en banlieue, se sont promis de rester dimanche dans la ville afin de ne pas manquer le match de championnat de France U.S. du Mans -F.C. Nantes. Et le Parc de Procé fera, en conséquence, un recette record.”

Malgré l’absence de Nuic, toujours blessé, on s’attend à une victoire du F.C.N contre un adversaire largement à sa portée. Surtout que l’on annonce “la rentrée de Sanglier, l’ex-avant-centre du F.C. Charleville, joueur robuste, combatif, entreprenant, et dur shooteur, pour qui aucune balle n’est jamais perdue” et la promotion en équipe première “du jeune Koniesko, dont la vigueur et le courage devraient lui permettre de s’imposer définitivement.”

Le fameux “Sanglier” s’appelle en fait Emile Docquin. Cet ardennais d’origine (d’où le surnom) est un réfractaire au S.T.O (Service du Travail Obligatoire) instauré par Vichy pour expédier de la main d’œuvre en Allemagne. On évite donc de communiquer son nom dans la presse.

L’U.S du Mans se présente amoindrie et incomplète au Parc de Procé en ce dimanche 28/11, leur secrétaire étant même contraint de chausser les crampons pour faire le 11ème équipier. Pourtant durant la première période, la large domination nantaise ne se reflète au tableau d’affichage : la pause est sifflée sur un score nul et vierge du principalement à la qualité de la prestation du portier manceau et au courage de ses défenseurs. Un triplé de Vischer en seconde mi-temps permet quand même aux nantais de l’emporter largement (4-0) au terme d’une rencontre dominée du début à la fin face à une faible opposition. Le jeune Koniesko qui remplaça Nuic fut jugé “actif et décidé, mais lent”, quant à “Sanglier”, “il peut être crédité d’une bonne rentrée, il eut quelques jolis tirs. Mieux acclimaté, il saura marquer.” Enfin, Gergotich “fut une nouvelle fois le meilleur des 22 !”

Cette victoire place le F.C.N a la 3ème place du classement, à égalité avec Angers et Saint-Nazaire qui, comme les nantais, ont joué un match de moins que St Malo (US St Servan) et Quimper qui les précèdent.

Le 6 décembre 1943 c’est donc un déplacement difficile qui attend le F.C.N sur le terrain du Stade Bessoneau à Angers (stade qui sera rebaptisé Jean Bouin ultérieurement) pour une rencontre qui deviendra un “classique” entre le jeune F.C. Nantes et un S.C.O Angers qui a déjà fait ses preuves chez les pros.

Certes le retour de Nuic sur le terrain aurait pu rassurer les canaris, cependant l’absence de 2 titulaires  (Blampain et Giovanetti) vont forcer l’entraineur-joueur à improviser une composition d’équipe hasardeuse et finalement assez désastreuse. Déjà au moment de rallier Angers les choses commencent à dérailler, le Phare de la Loire (7/12/43) nous raconte :

“UN MATCH AU CLAIR DE LUNE A ANGERS…

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…. Ou la pitoyable défaite du F.C NANTES par le S.C.O

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Ordres, contre-ordres - d’ailleurs tout à fait indépendants de la volonté des dirigeants nantais - et, fatalement, désordre ont marqué le déplacement du F.C. Nantes à Angers, en championnat de France, contre le S.C.O. Une partie de l’équipe décida de s’en aller par le train de minuit 43, dans la nuit de samedi à dimanche. A Angers, il lui fallut trouver des chambres et, tant bien que mal, à plusieurs par lit, on se coucha, sans avoir diné, vers 4 heures. Quant au restant du “onze” , il serait encore à Nantes si “Le Phare” ne l’avait pas dépanné. Bref, il n’arriva à Angers, après avoir déjeuné dans le car, que vers 15 heures. Le temps de se rendre au stade et le match ne commença qu’après 16 heures, alors que la nuit tombait et Crépin et Allemany, avec un équipement d’emprunt. Le F.C.N se présenta donc bien mal en point. Malgré ces handicaps, son équipe fit une splendide partie, toute de science et de finesse, mais, hélas, totale inefficace. Par ailleurs, privée de Giovanetti, elle avait été fâcheusement remaniée…

Bien que jamais surclassé, au contraire, et faisant jeu égal avec le Champion de France, le F.C.N encaissa rapidement deux buts…

Une bonne partie de la seconde mi-temps se joua sous la lune, déjà haute, alors que les cigarettes des nombreux spectateurs marquaient les touches de petits points rouges. Et en fin de match, ce fut un troisième but…l’obscurité ayant empêché Allemany de voir la balle. “

Une défaite (3-0) et un déplacement à oublier bien vite donc pour les canaris, d’autant que le Stade Quimpérois, 2ème du classement à seulement un point du leader avec 5 victoires contre 2 défaites, est annoncé en visite à Nantes le dimanche suivant. Cette rencontre est décrite par la presse comme un tournant dans la saison des jaune et vert. Une victoire et tout espoir resterai permis, une défaite et l’on regarderait immanquablement vers le bas du classement où les 4 derniers seront relégués en fin de saison.

Pour ce match contre les Cornouaillais, Nuic replace “Sanglier” et Kerdraon en défense, un choix qui va s’avérer payant car, contrairement à ce qui avait été annoncé pour ses débuts, “Sanglier” n’est pas un centre-avant mais un défenseur de formation. Cela tombe plutôt bien d’ailleurs, car Eugène Blampain , le fin défenseur droit qu’Aimé Nuic avait venir de Boulogne à l’inter saison et qui a donné jusque là satisfaction, ne portera plus le maillot nantais. Très affecté moralement lors des bombardements de septembre, “Gégène” a quitté Nantes pour se mettre au vert dans la Sarthe, à Précigné précisément, où ses talents de joueur-entraineur font merveille. Dommage pour le F.C.N…

Les nantais réalisent une prestation solide face à des quimpérois qui, bien que privé de Philippe, leur capitaine et meilleur joueur, se montrent menaçant dans un premier temps. C’est finalement Vischer qui va faire basculer la rencontre alors qu’on le croit blessé :

“…tout à coup, Vischer fut durement touché. Le temps d’aller se faire soigner et, dès son retour il marquait deux buts en un rien de temps. Jusqu’à la fin du match, bien qu’étant incapable de courir, il resta l’élément le plus dangereux de son équipe et la transversale arrêta de lui une jolie balle qui méritait le point.”

Après la rencontre on constatera que Vischer avait joué avec une côte fracturée !

Si les problèmes défensifs aperçus à Angers ont, semble-t-il, été réglés c’est le cas du poste de gardien de but qui commence à faire débat avec “un Allemany qui fit passer des frissons par son manque de netteté sur les balles… Quant à  Allemany, il ne donne pas l’impression de sécurité désirable : il est petit et hésitant. Mais le F.C.N a essayé, en lever de rideau, un goal de classe qui fit grosse impression.”

Le poste d’avant-centre cherche également son titulaire indiscutable, David est jugé trop frêle pour le poste, et “Sanglier” n’a pas convaincu et est désormais replacé en défense. On parle donc d’ “un nouveau joueur, le grand avant-centre de la réserve, qui pratiqua dimanche, sans entrainement, qui pourra avoir son mot à dire quand il aura retrouvé la détente et l’ardeur exigées d’un avant-centre. En tout cas, il sait distribuer la balle, ce qui est déjà fort intéressant”.

On va clôturer l’année en profitant de la Coupe d’Anjou la semaine suivante et faire souffler quelques uns des joueurs cadres. Malgré une équipe largement remaniée le F.C.N s’impose par 3 buts à 0 sur le terrain des Voltigeurs de Châteaubriant.

Point de trêve des confiseurs durant les fêtes de fin d’année pour les footballeurs. Dès le 2 janvier le F.C.N engage les matchs retour en se déplaçant au Mans où tout autre résultat qu’une victoire serait considéré comme une contre-performance.

C’est avec l’apport de leurs recrues aperçues fin décembre avec la réserve, le gardien Lopez (ex-SNUC) et l’avant-centre Iund, que les canaris imposent leur loi chez les manceaux (0-2) malgré un terrain lourd qui ne favorisa pas les “légers avants nantais”.

Dans les cages “Grande partie de Lopez, goal très sûr, vigoureux, adroit et décidé”.

Avec un Nuic en forme qui ouvre la marque d’ “un tir soudain de 25 mètres” et un Iund à la conclusion d’ “une combinaison Garrec-Nuic-Lodo pour un deuxième but à ras-de-terre en coin”, le F.C.N peut commencer à rêver d’une belle deuxième partie de saison.

D’autant que lors de cette journée, à la surprise générale, la Tour d’Auvergne, avant-dernière bat le leader l’U.S Servanaise par 2 buts à 1. C’est Angers qui passe en tête  avec 4 points d’avance sur Nantes (alors 3ème) mais avec un match de joué en plus.

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Le F.C. Nantes, vainqueur au Mans, se rapproche de la tête du groupe

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(Phare de la Loire 3/1/1944)

Les joueurs d’Aimé Nuic sont en forme et l’A.S. Brestoise n’a qu’à bien se tenir le dimanche suivant 9 janvier pour un nouveau déplacement des canaris loin de leurs bases qui les verra partager les points avec leurs hôtes :

“L’A.S.B peut s’estimer heureuse d’avoir réalisé le match nul en face d’une formation qui la domina en technique et en vitesse d’exécution.”

La relative déception d’avoir laissé échappé un point est néanmoins vite dissipée quand on apprend que le S.C.O, leader, se voit retirer les 2 points de la victoire acquise face à la Tour d’Auvergne pour avoir fait jouer un joueur non qualifié. Le F.C.N, est toujours 3ème, mais à seulement un point des angevins et le calendrier offre aux nantais une succession de 5 matchs à domicile, de quoi afficher un optimisme justifié !

Le premier de ces 5 matchs se joue le  16 janvier au Parc de Procé contre….le S.C.O Angers !!!

On annonce “des angevins qui vont tenter à tout prix de remonter le handicap qu’on vient de leur infliger” face à “des nantais qui marquent une ascension rapide, et pourraient avoir, là, l’occasion de prendre la tête du groupe”.

Finalement les 2 points de pénalité seront rendus aux angevins qui se déplace donc à Nantes avec 3 points d’avance. Une défaite des canaris condamnerait définitivement leurs espoirs de titre de champion, un match capital donc ! Aimé Nuic convoque ses joueurs la veille au soir au Café du Nord pour une mise au vert.

Et puis n’oublions pas qu’il y a une revanche à prendre après la déculottée du match aller dans les conditions que l’on connait.

Le F.C.N aligne ce jour là : Lopez - Sanglier, Kerdraon, Morin, Gergotich, Garrec, Crépin, Nuic, Iund, Lodo et Vischer.

Le match va être à la hauteur des attentes des supporters :

“Victoire très régulière des Nantais, qui, légèrement dominés en première mi-temps, malmenèrent à ce point leurs adversaires, en seconde, que ceux-ci se trouvèrent bien souvent désemparés devant les fines et rapides offensives du F.C.N. Le S.C.O termina très éprouvé. La partie fort intéressante fut fertile en bon et beau jeu, mais là aussi, le F.C.N l’emporta sur son rival, par l’habileté de l’aile droite Lodo (le meilleur sur le terrain) et Vischer, la puissance et l’expérience de Nuic, alliées à la vitesse de Crépin ; l’ardeur de Morin, la science de Garrec, la sûreté de Sanglier, Gergotich, Kerdraon et Lopez. Le centre-avant Iund fut trop timoré sur l’homme mails il eut de jolis tirs et il signa un but sans bavures. Il vaut beaucoup mieux que sa production mais il jouait avec une angine…Premier but par Crépin, qui, lancé par Nuic dans le trou, prend Sanfiliu de vitesse pour battre Brodu de près…Lodo lance Vischer qui passe à Iund, et c’est le second but. Et puis, le brillant Lodo perce et marque le troisième but.”

3 buts à 0, une belle revanche pour les canaris qui reviennent à un point de leurs adversaires du jour. Dans le même temps, l’U.S. Servanaise écrase le Stade Quimpérois par 8 à 0, ils partagent la tête avec le S.C.O mais ont un match de retard à jouer. Ils font désormais figurent de favoris pour remporter le championnat.

La prochaine journée de championnat réserve un nouveau derby aux nantais avec la réception de St Nazaire qui lutte pour son maintien dans la division malgré une équipe redoutable. On organise donc un match amical le dimanche suivant pour garder la pression. Gergotich, Garrec, Lodo et Vischer, sélectionnés pour jouer avec la sélection de l’Anjou, ne participent pas à cette rencontre qui voit une victoire poussive des jaune et vert (2-1) face au C.A. Cholet. Dans les buts choletais un certain “Landreau” (clin d’œil de l’histoire) se fait remarquer au contraire des Koniesko, Tondeur, Berenger qui ne firent pas oublier les titulaires dans l’équipe de Nuic.

Le faux pas est interdit, le dimanche 30 janvier au Stade du Vivier, si les Nantais veulent suivre la cadence imprimée par les Malouins dans ce championnat.

Le Phare de l’Ouest annonce le 29/1/1943 :

“Le F.C.N pratiquera un football de bataille, c’est à dire un jeu direct, rapide, et sans fioritures, donc efficace : ses joueurs sauront être toujours les premiers sur la balle, et le robuste Iund, plus spécialement, voudra placer ses bolides, et pour cela, attaquer franchement goal et arrières.”

Le lendemain, la supériorité nantaise apparait dès les premières minutes du match. Sur pénalty les canaris ouvre la marque par Vischer, puis paraissent s’endormir en jouant un football stérile. Kerdraon et Lopez se font des politesses, il n’en faut pas davantage pour que les nazairiens égalisent. Heureusement, avant la pause, Vischer, encore lui, “redonne l’avantage à son équipe d’un joli tir en biais, à ras de terre.” En fin de rencontre Nuic libère les siens par “un bolide de volée de 15 mètres”. Le score final de 3 buts à 1 pour les nantais ne reflète que partiellement la domination des locaux trop souvent improductifs au moment de conclure. Saint-Malo et Angers l’ayant également emporté, c’est le statu quo en tête.

Le week-end suivant propose une parenthèse aux canaris avec le Coupe d’Anjou. Un match normalement plutôt tranquille contre une équipe de rang inférieur et joué de surcroit à domicile au Parc de Procé. Sauf que cet adversaire n’est autre que la Jeanne d’Arc Saumur, leader incontesté et invaincue en Division d’Honneur. Une équipe qui, par conséquent, jouera en C.F.A la saison prochaine emmenée par son ex-pro Cottin. La J.A Saumur c’est également le club que Nuic vient de quitter pour rejoindre le F.C.N. Les Saumurois ont donc un compte à régler et viennent particulièrement motivés pour affronter l’équipe de leur ancien coach. Côté nantais seuls 2 titulaires sont absents : le gardien Lopez remplacé par Ruys, et Vischer, qui vient de se faire opérer, remplacé par Dousset.

D’entrée les Saumurois font valoir leurs qualités physiques et montre un esprit de décision supérieur aux nantais. Les joueurs de la J.A sont à la hauteur de leur réputation et vont l’emporter, logiquement, par 2 buts à 1 au terme d’une séance de prolongations.

Une bonne nouvelle attend quand même les joueurs de Nuic avec la défaite, le même jour, du S.C.O sur le terrain du Stade Rennais pour le compte du championnat. Il apparait maintenant clairement que le titre se jouera entre Malouins et Nantais, or le calendrier nous réserve un F.C. Nantes-U.S.St Servan pour l’avant-dernière journée du championnat…

Le F.C.N est donc condamné à gagner tous ses matchs d’ici là, et cela doit commencer par la réception de la Tour d’Auvergne de Rennes. Malgré l’absence de Vischer (toujours out!) et Iund (malade), les canaris réalisent une bonne partie qui fait oublier le faux pas de Saumur : “Le F.C.N a fait preuve de beaucoup plus d’ardeur, de combativité et de décision que ces derniers dimanches, et s’il n’a réussi que deux buts, c’est qu’il se heurta toujours à une défense solide et vigoureuse à  arrières ou plus, et à un goal de classe”. Pour cette rencontre Nuic fait appel à deux réservistes : Béranger et Moineau, ce dernier à la place de Iund marquant le second but de la victoire (2-0). A Saint-Malo, on ne fait pas dans la demi-mesure : l’U.S.S.S écrase Le Mans par 6 à 0.

Le Phare de la Loire peut écrire :

F.C. NANTES ET SAINT-SERVAN SEULS EN TETE DU CHAMPIONNAT DE FRANCE DE FOOTBALL

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Les nantais sont donc en tête et comptent bien le rester en poursuivant cette belle série de matchs à domicile (6 matchs joués pour autant de victoires en championnat). Le VS Chartrain (6ème) lutte pour son maintien et n’aurait pas représenté une grande menace il y a quelques semaines. Cependant depuis que “Chartres s’est enrichi d’un goal et d’un avant-centre de classe“, ils sont devenus redoutables et restent les seuls à avoir fait mordre la poussière à St Servan. Méfiance donc d’autant qu’ils viennent de facilement disposer de Saint-Nazaire sur ses terres (0-5) le dimanche précédent.

Phare de la Loire (19/2/1944) :

“Aimé Nuic, l’excellent capitaine entraineur du F.C.N est fort inquiet à la veille de cet important match de championnat. Il se souvient, en effet, qu’à Chartres, son équipe ne réussit le match nul qu’in extrémis. Depuis le V.S. Chartres a récupéré un goal et un avant-centre de valeur qu’il connait particulièrement, ainsi que son ami Lodo. Ce n’est donc pas du tout cuit. D’autant plus que Nuic n’est pas du tout assuré de la collaboration de son réalisateur Vischer, encore souffrant, et auquel le médecin interdit toute production sportive…Quoi qu’il en soit le match s’annonce serré.”

Et il va l’être…

La partie commence dans le chaos quand un but splendide de Crépin est refusé par l’arbitre pour un hors-jeu de position imaginaire. “Ce fut alors un beau chahut, que compliquèrent, au fur et à mesure que la durée du match avançait, les supporters et certains dirigeants du F.C.N. par des vociférations inadmissibles, tout à fait défavorables à la bonne tenue de l’équipe…Les Nantais s’énervent, et, tout à coup, sur un corner faiblement repoussé” les visiteurs ouvrent la marque.

Les jaune et vert accusent le coup et frôle même la correctionnelle quand Chartres manque de faire le break sur pénalty. Nouveau coup de théâtre quand Gergotich, lui aussi, rate le pénalty accordé aux Nantais. Finalement c’est à qu’un quart d’heure de la fin de la rencontre que les Nantais parviennent à concrétiser leur domination en égalisant par Charly (qui remplace Vischer). A six minutes du coup de sifflet final, sur un beau service de Nuic, Lodo croit empocher la victoire pour les locaux, mais ces derniers manquent de sang froid et, sur un dernier corner, Lopez masqué par ses défenseurs voit le ballon passer devant lui et entrer dans la cage. 2 buts partout au final. Ce premier point concédé à domicile s’avère très préjudiciable pour la suite. Le F.C.N reste deuxième à un point de St Servan qui a un match de retard, il n’a donc plus son destin en mains. Il lui reste 4 matchs à disputer (dont 2 contre le Stade Rennais), aucun faux pas ne lui est plus permis.

Le 27 février, le Stade Rennais se déplace à Procé avec une équipe composée d’une majorité d’ex-pros qui vient de passer 11 buts à Saint-Nazaire. On assure même dans les colonnes du Phare de l’Ouest (23/2/1944) que “si cette équipe avait pratiqué dans cette formation dès le début de la compétition, elle serait en tête du groupe sans aucune défaite. Ne nous faisons donc pas trop d’illusions : le F.C.N partira battu, ce qui ne veut pas dire qu’il le sera, car Nuic, le têtu, adore la difficulté”.

L’entraineur reproduit donc la recette qui avait si bien réussi contre le S.C.O quelques mois plus tôt : mise au vert le samedi soir à 19h30 au Café Godineau (chez lui donc) avec présence indispensable des 11 joueurs appelés à affronter Rennes le lendemain.

Ce sont donc des canaris en jambes qui vont nettement dominer des rennais, finalement pas si impressionnants (3-2). Le score ne reflétant pas la supériorité de locaux qui se sont même fait peur en toute fin de match quand Lopez, dans un plongeon désespéré, empêche l’avant-centre rennais d’égaliser et de repartir avec un point immérité.

St Servan l’ayant également emporté sur le plus petit des scores face à St Nazaire, le déplacement à Quimper le 5 mars est presque décisif : il faut revenir du Finistère avec les 2 points de la victoire si l’on veut recevoir les Malouins dans les meilleures conditions la semaine suivante.

Le F.C.N ne s’est pas déplacé à l’extérieur depuis de longues semaines et on s’attend à une réception musclée des Quimpérois qui ne peuvent se permettre de perdre. Placés à la sixième place avant la rencontre, ils sont sous la menace directe du Stade Rennais qui les suit avec des matchs en retard. Or la septième place sera synonyme de descente en division inférieure la saison suivante.

Les deux équipes ne lâchent rien et si la défense Nantaise résiste parfaitement aux assauts des locaux, son attaque reste désespérément muette. Le match nul (0-0) met définitivement un terme aux espoirs du F.C.N d’être champion.  St Servan, en battant Chartres, prend 2 points d’avance avec 1 match de retard à disputer contre Rennes. Sachant que son goal-average est bien meilleur que celui des Nantais, une victoire lors de ses 3 dernières rencontres suffiraient à la sacrer championne. Sauf que le programme leur réserve 2 déplacements périlleux à Nantes et à Angers, et la réception d’un Stade Rennais imprévisible.

Le 12 mars 1944, au Stade du Parc de Procé, c’est un grand match qui attend les amateurs de ballon rond : le leader vient chercher le titre face à son dauphin. Quoi de mieux ?

L’ US Servanaise Malouine emmenée par son leader, le gardien-capitaine-entraineur Alex Thépot, a fière allure cette saison là. Outre donc, son célèbre portier (31 sélections en Équipe de France, désigné meilleur gardien de la Coupe du Monde 1930 en Uruguay), l’équipe est composée de plusieurs internationaux B et d’autres joueurs qui défendent régulièrement les couleurs de la sélection Bretagne. De plus quand elle entre sur la pelouse du stade de Procé en ce dimanche après-midi, la formation malouine est déjà sacrée. En effet, elle vient de gagner sur tapis vert son match en retard contre le Stade Rennais. Il est donc devenu mathématiquement impossible qu’elle puisse être rejointe par son adversaire du jour.

Tant pis, Nuic dit à ses joueurs avant le dernier match à domicile de la saison  : “Nous ferons l’impossible pour gagner, mais j’exige au moins le match nul.”

Le match “joué devant une foule record sera toujours fort intéressant. Bien que disputé virilement il fut fertile en beau et bon football. Dans l’ensemble, Nantes domina : toute la première mi-temps et la fin de la seconde furent en effet à son avantage. Mais le résultat est normal, car si des tirs de Vischer, Crépin et Lodo trouvèrent les poteaux alors que Thépot était battu,les avant adverses eurent des percées dangereuses qui auraient pu coûter des buts.” En effet, l’excellent match de Gergotich (“le meilleur joueur sur le terrain”) et la prestation remarquable de Nuic (“qui sa meilleure partie de la saison”) ne furent pas exploités au tableau d’affichage qui resta sur un match nul sans but (0-0).

C’est donc sans grande conviction et privée de son meilleur élément, Gergotich, que les canaris se rendent chez les Stade Rennais pour la dernière journée du championnat. Lors d’une “partie jouée sous le soleil printanier et déjà chaud”, les nantais font jeu égal avec les locaux mais manque de chance: “En effet, alors que les attaques fusaient de part de d’autre, un spectateur facétieux stoppa d’un coup de sifflet un avant nantais qui se trouvait en excellente position de tir”. Puis Nuic, touché à la cuisse droite, en est réduit à faire de la figuration. “D’une façon générale, le F.C. de Nantes a confirmé à Rennes sa réputation d’équipe homogène, soudée, au jeu agréable, mais aucunement réalisateur. On fait de la dentelle, mais on est impuissant devant la cage”. C’est vrai que c’est le troisième match consécutif qui voit les attaquants jaune et vert rester muets…Dans ces conditions l’unique réalisation des rouge et noir leur suffit pour empocher le gain de la rencontre (1-0).

Phare de la Loire (27/3/1944) : “Le F.C.N termine second et c’est très joli, pour un début et avec tous les à-coups qu’il a connus. Mais la classe de ses joueurs devait à elle seule lui permettre envers et contre tout, d’enlever le titre de champion de Bretagne-Anjou, sans ce négatif W.M qui lui couta certes peu de défaites, mais ne lui valut que peu de victoires.”

Au final de ces 18 journées de championnat, le F.C.N termine invaincu à domicile, il l’aura emporté à 9 reprises pour 6 matchs nuls et seulement 3 défaites, marquant 33 buts contre 18 encaissés. Un bilan plus qu’honorable si l’on se rappelle des nombreuses interrogations du début de saison sur la véritable valeur de l’équipe.

Le mois d’avril n’est pas commencé que la première saison “officielle” du jeune F.C. Nantes est terminée. Le corps des joueurs sont fatigués, ils ont quasiment enchainé des matchs tous les dimanche depuis octobre et certains ont fini blessé, tel Gergotich, certainement le meilleur joueur sur la saison, qui souffre d’un décollement du ménisque du genou droit.

Pour meubler le calendrier et garder ses joueurs en forme pour la saison prochaine, on organise alors une série de matchs amicaux contre des adversaires plus ou moins redoutables. Aimé Nuic en profite pour essayer des nouvelles recrues potentielles.

Le 2 avril, à Fougères, le F.C.N écrase le Drapeau  de Fougères par 7 buts à 3. Les canaris menaient 5-0 à la pause. Lors du lundi de Pâques, ils s’imposent également devant Concarneau (2-1) tandis que la réserve remporte un tournoi à Chalonnes.

Mais c’est surtout le match organisé quelques jours plus tard, au stade du Parc de Procé qui attire la curiosité des supporters. Le samedi 15 avril 1944, le F.C. Nantes doit affronter les pros de Rennes-Bretagne. Ce sera l’occasion pour les nantais de retrouver deux anciennes gloires de la Saint-Pierre : le gardien Jacques de Mont-Marin et l’international Jean Prouf.

“Le valeureux F.C.N partira, fatalement battu. Mais ce ne sera pas sans une brillante résistance…”

Côté jaune et vert on annonce l’essai de deux recrues de “classe” en provenance de Quimper : Bauwens et Georges.

Plus qu’à une “démonstration” c’est à un véritable match que les spectateurs vont assister et les hommes de Nuic vont se montrer à la hauteur de leurs adversaires prestigieux, bien que menés par 2 fois à la marque, les canaris font preuve de caractère et arrachent la victoire en fin de rencontre.

“Par 3 buts à 2, le F.C. Nantes a battu les “pros” de Rennes-Bretagne en présence d’une foule enthousiasmée. Voilà un résultat qui servira considérablement la cause du football chez nous.” Lodo et Nuic (2 buts) se mettent particulièrement en évidence. Quant aux 2 recrues à l’essai : “Bowens eut de beaux éclairs, bien qu’il fut en mauvaise condition : il vaut beaucoup mieux que cette partie. Quant à Georges, il fut l’avant-centre dynamique, volontaire et perçant que le F.C.N cherchait.”

D’autres match amicaux se dérouleront ensuite les semaines suivantes jusqu’à fin mai, mais ils ne présenteront plus vraiment d’intérêt : cinq joueurs nantais (Nuic, Garrec, Docquin, Kerdraon et Lodo) sont retenus avec la sélection Anjou et n’y participent pas.

Début juin, l’ouest de la France devient le théâtre des affrontements pour la libération du pays. Le football est désormais n’est plus un sujet d’actualités, on attendra 7 mois pour revoir les jaune et vert en championnat, en début d’année 1945. Le F.C. Nantes comme le reste du pays peut songer raisonnablement à des lendemains qui chantent.

Bilan de la saison :

Championnat Fédéral Amateur Groupe Bretagne-Anjou

1ère journée :      FC Nantes 4-1 AS Brestoise (12/9/43)
(buts : Lodo, David, Crépin, Vischer)le-phare-de-la-loire-13-9-1943a.jpg

2ème journée :    CAP Saint-Nazaire 2-2 FC Nantes (10/10/43)
(buts : Nuic, Crépin)le-phare-de-la-loire-11-10-1943a.jpg

3ème journée :    T.A. Rennes 0-2 FC Nantes (24/10/43)
(buts : David, Vischer)le-phare-de-la-loire-25-10-1943a.jpg

4ème journée :    Chartres 3-3 FC Nantes (31/10/43)
(buts : Nuic x2, ?)le-phare-de-la-loire-2-11-1943a.jpg

5ème journée :    US Servanaise 2-0 FC Nantes (21/11/43)
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6ème journée :    FC Nantes 4-0 US Le Mans (28/11)
(buts : Vischer x3, Docquin)le-phare-de-la-loire-29-11-1943a.jpg

7ème journée :    SCO Angers 3-0 FC Nantes (5/12/43)
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8ème journée :    FC Nantes 2-0 Stade Quimperois (12/12/43)
(buts : Vischer x2)le-phare-de-la-loire-13-12-1943a.jpg

9ème journée :    US Le Mans 0-2 FC Nantes (2/1/44)
(buts : Nuic, Iund)le-phare-de-la-loire-3-1-1944a.jpg

10ème journée :  AS Brestoise 1-1 FC Nantes (9/1/44)
(but : Vischer)le-phare-de-la-loire-10-1-1944a.jpg

11ème journée :   FC Nantes 3-0 SCO Angers (16/1/44)
(buts : Crépin, Iund, Lodo)le-phare-de-la-loire-17-1-1944a.jpg

12ème journée :   FC Nantes 3-1 CAP Saint-Nazaire (30/1/44)
(buts : Vischer x2, Nuic)le-phare-de-la-loire-31-1-1944a.jpg

13ème journée :   FC Nantes 2-0 T.A. Rennes (13/2/44)
(buts : Crépin, Moineau)le-phare-de-la-loire-14-2-1944a.jpg

14ème journée :   FC Nantes 2-2 Chartres (20/2/44)
(buts : Charly, Lodo)le-phare-de-la-loire-21-2-1944a.jpg

15ème journée :   FC Nantes 3-2 Stade Rennais (27/2/44)
(buts : Charly, Moineau, Lodo)le-phare-de-la-loire-28-2-1944a.jpg

16ème journée :  Stade Quimperois 0-0 FC Nantes (5/3/44)
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17ème journée :  FC Nantes 0-0 US Servanaise (12/3/44)
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18ème journée :  Stade Rennais 1-0 FC Nantes (26/3/44)
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Classement

Clasmt                 Pts   J    V  N  D   Bp  Bc  Diff
1 Saint-Servan      28  18  13  2  3   42   11  +31
2 FC Nantes      24  18  9  6  3   33  18  +15
3 Angers             24  18 10 4  4   39  24  +15
4 Brest                23  18 10  3  5   38   21  +17
5 S.Rennes        18   18   7  4   7   47  34  +13
6 Quimper         18  18   7   4  7   28   31   -3
7 Chartres          16  18   7   2  9  40   35   +5
8 T.A Rennes     11  17   4   3 10  13   31   -18
9 St Nazaire       10  17   3  4 10  17   43   -26
10 Le Mans          4  16    2  0 14  11  60   -49

Coupe de France

3ème tour
Stade Nantais UC 1-6 FC Nantes (à Basse-Indre le 2/10/43)
(buts : ?)le-phare-de-la-loire-8-10-1943a.jpg

4ème tour
US Basse Indre 0-1 FC Nantes (à Basse-Indre le 16/10/43)
(but : Crépin)le-phare-de-la-loire-18-10-1943a.jpg

5ème tour
Véloce Vannes 2-0 FC Nantes (à Vannes le 14/11/43)
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Coupe d’Anjou

Voltigeurs Chateaubriant 0-3 FC Nantes (19/12/43)
(buts : Morin, Crépin, Lodo)le-phare-de-la-loire-21-12-1943a.jpg

FC Nantes 1-2(ap) JA Saumur (6/2/44)
(but : Nuic)le-phare-de-la-loire-7-2-1944a.jpg

Dernière mise à jour : 7/1/2025

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