Nuic Aimé - Le premier entraineur

NUIC chez les bleus

Entraineur-joueur du FC Nantes de 1943 à 1946.

né le 8 juillet 1912 à Mostar (Bosnie-Herzégovine)
décédé le 8 novembre 1995

International A (2 sélections)
Champion de Deuxième Division en 1935 avec le FC Metz
Champion de l’Ouest en 1945 avec le FC Nantes
Vainqueur du premier concours du jeune footballeur en 1930.

Carrière à Nantes :
1943-44 (DH Ouest) : ? matchs pour ? buts
1944-45 (Ligue Anjou) : ? matchs pour ? buts
1945-46 (D2) : ? matchs pour ? buts

Club précédents :
1930 – 1936 : CA Metz puis FC Metz puis CS Metz
1936 - 1937 : SC Fives
1937 – 1938 : FCO Charleville
? – ? : Avia Club (amateur)
1942 – 1943 : Saumur (amateur)

Clubs après le FCN :
1946 – 1947 : US Luxembourg (entraineur-joueur)
? – 1952 : FC Mulhouse
1959 – 1962 : AS Béziers (entraineur)
1968 – 1969 : US Forbach (entraineur)
1969 – 1970 : AS Béziers (entraineur)

Caricature Aimé Nuic

Bogoljub Nuic est né en Bosnie-Herzégovine dans la ville de Mostar. Il n’arrive en France qu’à l’âge de 16 ans, pour se perfectionner dans le métier qu’il a choisi : dessinateur industriel. Il est accueilli dans une pension de famille à Metz. Mais le jeune slave possède d’autres talents que de savoir tirer des traits, il sait aussi manier habilement un ballon avec ses pieds.On peut même affirmer qu’il est carrément doué pour ce jeu de football comme il va le prouver en 1930 en remportant le premier concours du jeune footballeur.

A cette époque, Bogoljub décide que son avenir est désormais en France, il s’est adapté à la vie messine prend la nationalité française, se prénomme dorénavant Aimé et fait rapidement le bonheur du CA Metz (Cercle Athlétique Messin), une équipe issue des classes supérieures qui bénéficie de gros moyens financiers et évolue avec des maillots grenats sur un terrain situé sur l ‘ile Saint-Symphorien. Le rival local du CA Metz est l’Association Sportive Messine (ASM) club plus modeste composé par des ouvriers et d’employés. ASM et CAM se retrouvaient régulièrement pour des rencontres où rivalité sportives et lutte des classes étaient le prétexte à toutes les passions avant qu’en 1932, les deux clubs ne fusionnent en créant le Football Club de Metz afin de mieux appréhender l’arrivée du professionnalisme dans le football. Nuic franchit le pas du professionnalisme en même temps que son club. On peut supposer que tout comme ses équipiers, il ne s’agisse vraisemblablement que de « semi-professionnalisme ». Les salaires insuffisants et la prudence encourageant les joueurs à garder une seconde activité rémunératrice.

“- On jouait plutôt de façon individuelle quand on possédait des qualités techniques. Il y avait chez chacun un certain égoïsme parce que tout le monde désirait se faire remarquer pour passer pro.”

C’est donc avec le FC Metz que Aimé Nuic participe au premier championnat professionnel de l’histoire du football français. L’apprentissage du professionnalisme est délicat pour le club messin qui termine 9ème et avant-dernier du groupe B et se trouve ainsi relégué en seconde division.En 1933/34, les messins se classent 5èmes puis retrouvent l’élite la saison suivante après avoir été couronnés champion de D2 devant Valenciennes. Une belle saison pour Aimé Nuic qui lui vaut même l’honneur d’être appelé en Equipe de France pour affronter l’Allemagne le 17 mars 1935 au Parc des Princes (défaite 1-3).

NUIC au FC Metz

Champion de D2 avec Metz

Aimé Nuic devient ainsi le premier sociétaire du FC Metz a devenir international.

Pour leur retour en D1 en 1935/36 les grenats terminent à une honorable 11ème place, Aimé Nuic (12 matchs pour 1 but) connaît alors sa deuxième et dernière sélection chez les bleus le 12 janvier 1936 lors d’une déculottée de l’équipe de France devant les Pays-Bas (1-6).

NUIC chez les bleus

Aimé Nuic : 2 sélections chez les bleus

Le président messin profite alors de la réputation naissante de son ailier pour le vendre au SC Fives. Nuic finit 11ème de la D1 avec le club nordiste avant de déménager pour le FCO Charleville pensionnaire du groupe Est de Deuxième division. Un club que Nuic aidera à se maintenir à ce niveau lors de la Phase de poule de relégation que le FCO remportera.

Mobilisé, prisonnier puis évadé Aimé Nuic quitte l’est de la France pour trouver refuge dans la capitale et rejoindre le club parisien de l’Avia Club où il fait la rencontre de Albert Heil (un autre lorrain qu’il fera venir à Nantes en 1944).

La guerre et les allemands le rattrapent et le poussent à un nouvel exil plus à l’ouest, en Anjou, plus précisément à Saumur où il prend en charge l’équipe de football locale.

“- C’était une drôle d’époque. On avait faim et une seule idée en tête : partir en province pour pouvoir manger. Dans les petites villes, on était vite connu et les commerçants, ne savaient que faire pour nous faire plaisir.”

C’est à Saumur, que Marcel Saupin vient le chercher au printemps 1943 pour lui demander de venir à Nantes s’occuper du FC Nantes naissant.Une chance de se relancer dans un club ambitieux que ne laisse pas passer Aimé Nuic en signant son contrat qui le lie au FCN le 25 juin 1943.

“- Marcel Saupin m’a tout de suite donné l’impression d’être un homme raisonnable. Il était comme moi : il savait ce qu’il voulait. Il m’a fait part de son intention de bâtir un grand club, je lui ai répondu que je tenais à avoir les coudées franches pour tout ce qui concernait la partie technique. Il n’a pas forumulé d’objections, alors nous nous sommes mis d’accord.”
Le 25 juillet, il dirige le premier entrainement de l’histoire du FC Nantes et prépare les néo-canaris à aborder le championnat de CFA dans lequel ils sont engagés dès septembre.
Les premières semaines à Nantes pour Aimé Nuic et son épouse enceinte de son premier enfant sont difficiles :
« - On était arrivé en juillet. J’étais à Nantes et ma femme attendait notre premier fils (Michel Nuic) à Saumur. J’ai connu les bombardements de septembre. Il n’y avait plus d’eau, tout était en feu ».

Des conditions délicates qui n’empêchent pas cependant Aimé Nuic de faire bientôt l‘unanimité parmi ses joueurs. Martial Gergotich (joueur du FC Nantes 1943) :
« - Avant de le connaître je n’avais jamais entendu parler de tactique. J’avais toujours joué n’importe comment. On entrait sur le terrain et en avant la musique. Avec Aimé Nuic, j’ai vraiment découvert le football. Il nous faisait pratiquer le WM… »

Mais Aimé Nuic n’est pas seulement entraineur, il est aussi joueur de la première équipe du FC Nantes.
“- J’étais teigneux, accrocheur et j’aimais tripoter la balle. J’adorais dribbler sur mon aile gauche mais en tant qu’entraineur, je recherchais avant tout l’équilibre de l’équipe. En m’appuyant sur un système défensif. A Nantes je m’attribuais une place en fonction des besoins. Le plus souvent, je jouais au poste d’inter.”

Nuic au FCN

Aimé Nuic sous le maillot du FCN lors de la saison 43-44

Au terme d’une première saison prometteuse le FCN termine second de son groupe de Division Honneur Ouest. Malheureusement les combats de la Libération perturbent les compétitions l’année suivante. Point de D2 pour le FCN qui doit se contenter d’un championnat de la Ligue Anjou qu’il remporte avant de devenir champion de l’Ouest et de gagner la Coupe Odorico (sorte de compétition amicale regroupant les principaux clubs de l’Ouest).

Quelques mois plus tard une refonte des championnats d’élite français et notamment la constitution de 2 groupes en deuxième division permet au FC Nantes, fort de ses bons résultats les deux années précédentes et des excellentes relations qu’entretiennent Marcel Saupin et Gabriel Hanot, d’intégrer la deuxième division, zone nord, pour la saison 1945-1946. Par la même occasion le FCN entre dans l’ère du professionnalisme deux ans après sa création. Pour cette première saison chez les pros les Nantais se classent 5e de leur groupe.

Pendant qu’Aimé s’occupe du football, Simone, son épouse, tient le café Godineau, rue de l’Héronnière. Un café qui devient vite le rendez-vous des footeux. Tout va bien pour les Nuic qui paraissent intégrés à leur nouvelle vie nantaise.Pourant un désaccord avec la direction du FCN durant l’intersaison 1946 va inciter Aimé Nuic à quitter prématurément le club nantais et à migrer vers le Luxembourg. C’est l’un de ses joueurs, Antoine Raab, qui prend alors sa succession à la tête des canaris.
“- Il y avait eu une histoire à propos du recrutement. Je ne sais plus trop au sujet de quel joueur, mais comme, en tant qu’entraineur, je n’ai jamais supporté que quelqu’un mette son nez dans les affaires techniques, cela avait rapidement fait des bulles. Je n’avais pas l’habitude de me laisser monter sur les pieds, j’étais impulsif et je suis parti à l’Union, un club du Luxembourg. Je n’ai conçu aucune amertume d’autant que je me rapprochais ainsi de la Lorraine. D’ailleurs, j’ai toujours conservé un faible pour le FC Nantes et aussi longtemps que j’ai suivi des matches, ce qui ne m’arrive pratiquement plus, je ressentais un pincement aucoeur quand je voyais jouer les canaris.”
La carrière d’entraineur amènera encore Aimé Nuic à quelques déménagements (18 au total !) avant de prendre sa retraite sportive à Metz-Borny en Lorraine, sa première région d’accueil française.

Aimé Nuic trophée du jeune footballeur

Aimé Nuic en 1993 avec son trophée de vainqueur du concours du jeune footballeur remporté en 1930

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5 commentaires pour “Nuic Aimé - Le premier entraineur”

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