Hommage à René Dereuddre

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Joueur du FC Nantes de 1960 à 1961.

René Dereuddre est décédé mercredi dernier. L’occasion de lui rendre hommage en se souvenant que cet international porta le maillot du FCN durant un peu plus d’une saison.

né le 22 juin 1930 à Bully-les-mines (62)
décédé le 16 avril 2008 au Mans (72)
6 Sélections en Equipe de France (1 but).
1 Participation à la Coupe du Monde (1954)
Vainqueur de la Coupe de France en 1957 avec le Toulouse FC.
Vice Champion de France en 1955 avec le Toulouse FC.
Champion de France de D2 avec le FC Grenoble en 1962.

Carrière à Nantes :
1959-60 (8ème en D2) : 28 matchs pour 6 buts (arrivé à Nantes en octobre 1959)
1960-61 (11ème en D2) : 32 matchs pour 1 but

Club précédents :
1946-50 : US Bully
1950-51 : CO Roubaix-Tourcoing (10ème en D1 - 25 matchs - 7 buts)
1951-52 : CO Roubaix-Tourcoing (8ème en D1 - 32 matchs - 8 buts)
1952-53 : CO Roubaix-Tourcoing (D1 - 11 matchs - 3 buts) puis Toulouse FC (D2 - 22 matchs - 11 buts)
1953-54 : Toulouse FC (4ème en D1 - 38 matchs - 10 buts)
1954-55 : Toulouse FC (2ème en D1 - 38 matchs - 11 buts)
1955-56 : Toulouse FC (7ème en D1 - 37 matchs - 12 buts)
1956-57 : Toulouse FC (8ème en D1 - 39 matchs - 18 buts)
1957-58 : RC Lens (11ème en D1 - 34 matchs - 9 buts)
1958-59 : SCO Angers (7ème en D1 - 44 matchs - 11 buts)
1959-octobre 59 : SCO Angers (D1 - 9 matchs - 1 but)

Clubs après le FCN :
1961-62 : FC Grenoble (1er en D2 - 33 matchs - 6 buts)
1962-63 : FC Grenoble (17ème en D1 - 35 matchs - 0 but)
1963-64 : FC Grenoble (6ème en D2 - 33 matchs - 2 buts)
1964-67 : US Le Mans (entraineur-joueur)
1967-76 : US Le Mans (entraineur)

René Dereuddre est un enfant du nord, une région qui a toujours été un important vivier de joueurs de football professionnels. Bully-les-Mines, où naquit et grandit René , est une ville minière comme son nom l’indique et fait partie de la grande agglomération lensoise.

Le club de football local peut s’enorgueillir d’avoir produit 3 footballeurs internationaux : Jules Bigot (6 sélections), André Strappe (23 sélections) et René Dereuddre (6 sélections).

Formé au poste d’inter (milieu de terrain offensif du WM), René suivit le même parcours que ses deux glorieux ainés en rejoignant le LOSC dès que son talent fut avéré.
Malheureusement et contrairement à Bigot et Strappe, l’expérience de Dereuddre dans le grand club professionnel lillois tourna court  et René n’ayant jamais eu l’occasion de porter le maillot de l’équipe fanion de la grande cité nordiste revint à Bully.

Par pour longtemps cependant car un autre grand club professionnel régional va venir le chercher : le CORT, Club Olympique de Roubaix-Tourcoing. Nous sommes en 1950, le CORT a été sacré sacré champion de France 3 ans plus tôt et compte dans ses rangs plusieurs joueurs de renom dont la grande star de l’époque : Julien Darui. Les trois saisons que passe René à Roubaix lui permettent de lancer définitivement sa carrière de footballeur professionnel, car bien que le CORT ne figure plus désormais qu’en milieu de tableau de la D1, Dereuddre se signale régulièrement en marquant son lot de buts chaque année. Le point d’orgue de cette période roubaisienne, René Dereuddre le connait en mai 1952 quand le CORT est invité à venir rencontrer l’Atletico de Madrid. Devant 55000 spectateurs espagnols épatés les nordistes s’imposent 3-1 face à leurs glorieux adversaires madrilènes.

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L’équipe du CORT à Madrid en 1952

En 1953 René quitte sa région natale pour rejoindre le sud ouest et le Toulouse FC. Le club de la cité des violettes est nouvellement promu en Division 1 et cherche à se renforcer. Son entraineur n’est autre qu’une vieille connaissance de René Dereuddre : il se nomme Jules Bigot. Le Toulouse FC est alors en passe de connaitre son apogée.
La première saison de Dereuddre au TFC est couronnée d’une excellente 4 ème place lors du championnat 53-54. Mais les hommes de Bigot font mieux encore la saison suivante : seconds derrière l’intouchable Stade de Reims emmené par Raymond Kopa.

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Sous le maillot toulousain

Le succès du club toulousain doit beaucoup aux excellentes prestations de René Dereuddre. Gaston Barreau, le sélectionneur de l’équipe de France n’y reste pas insensible et tandis que la Coupe du Monde 1954 en Suisse se profile, René Dereuddre étrenne ses galons d’international en allant affronter les belges à Bruxelles le 30 mai 1954 (3-3). De bons débuts qui faillirent être compromis par une entame de match catastrophique : on joue depuis à peine 8 minutes et l’équipe de France a déjà encaissé 3 buts ! Toujours est-il que le sélectionneur est conquis par la prestation du joueur toulousain qui gagne son billet pour la Suisse.

Il faut bien avouer que cette Coupe du Monde 1954 fut un échec pour l’équipe de France qui joua pour cette occasion 2 rencontres : une défaite face à la Yougoslavie (0-1) puis une victoire face au Mexique (3-2). A cause d’un règlement quelque peu fantaisiste lors de cette édition du tournoi mondial, l’équipe de France se trouve prématurément éliminée. Les bleus quittent donc le tournoi sans avoir véritablement eu l’impression d’y participer. René Dereuddre en a toutefois profité pour joué les deux rencontres.

Coupe du Monde 54

Dereuddre tente de s’opposer à Milutinovic

(France-Yougoslavie CM54 à Lausanne)

La déception helvétique est rapidement oubliée pour René qui porte à nouveau le maillot frappé du coq sur le terrain de Hanovre le 17 octobre 1954 pour l’un des plus grands exploits de l’histoire du football français. Les tricolores s’en vont en effet battre les champions du monde allemands (3-1) sur leur sol devant 85000 spectateurs médusés. Un mois plus tard René est à nouveau appelé pour affronter la Belgique à Colombes (2-2). Mais rapidement Léon Glovacki va venir s’imposer au poste d’inter en équipe de France et il faudra attendre 2 ans et demi pour revoir René Dereuddre pour sa dernière sélection chez les bleus.
Cette dernière “cape” intervient le 2 juin 1957 face à l’Islande pour une facile victoire française (8-0). Ce jour là René Dereuddre marque son seul but en équipe de France sur une pelouse qu’il retrouvera deux ans et demi plus tard, celle du stade Malakoff de Nantes qui, fraichement rénové contient 15 080 spectateurs pour un nouveau record d’affluence. Pour l’anecdote nous noterons qu’un autre futur canari se signale à cette occasion : il se nomme Jean Vincent et inscrit un doublé.
En fait cette dernière cape, René Dereuddre l’avait gagné une semaine plus tôt en réussissant à inscrire la plus belle ligne de son palmarès de joueur professionnel.

Le 26 mai 1957, le SCO Angers affronte le Toulouse FC en finale de Coupe de France à Colombes. René Dereuddre inscrit les deux premiers buts de la rencontre et est à l’origine de la victoire toulousaine (6-3).

La vidéo de la finale de Coupe de France 1957

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René a alors 27 ans et, à l’intersaison, il va reprendre la direction de sa région natale. L’été 1957 voit en effet sa signature au Racing Club de Lens.Il retrouve Bully, sa famille et ses amis pour une saison chez les sang et or avec qui il est éliminé en 1/2 finale de Coupe de France par Reims (1-2).

Ce séjour dans le nord est bref et René part la saison suivante à Angers qui vient de finir 4ème du championnat 57-58. Dans l’équipe du SCO il est souvent associé en milieu de terrain à un autre futur canari : Jean-Marie Couronné. Devant les deux hommes évolue Guelzo Zaetta, un avant-centre qui fera aussi le bonheur du FCN à plus d’un titre.
D’ailleurs les débuts officiels de René avec le SCO s’effectue à Nantes pour une victoire (1-3) en Coupe Odorico avec 3 buts de Couronné. René attendra quant à lui quelques matchs pour inscrire sa première réalisation sous ses nouvelles couleurs à domicile face à Sedan.

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La première saison au SCO se passe bien pour René qui joue les 38 matchs de championnat et inscrit 9 buts. A l’intersaison 59, Jean-Marie Couronné signe à Nantes, Dereuddre joue les 9 premiers matchs de championnat pour le SCO avant d’être tranféré le 1er novembre 1959 et de rejoindre son ancien partenaire au FC Nantes.

Le FCN est alors nouvellement entrainé par un tchèque (ancien angevin) : Karel Michlowski. Ce dernier a bâti son effectif avec le renfort de quelques anciens angevins, car outre Couronné on retrouve Shindlauer. Les joueurs du Président Clerfeuille accomplissent un excellent début de championnat 59-60 qui les propulse en tête de la Division 2.

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 Le FCN en déplacement à Paris lors de la saison 59-60

L’espoir d’accession est grand dans la cité nantaise. Cette D1 qui se fait espérer depuis si longtemps se laissera-t-elle enfin conquérir par les canaris ? En tout cas les dirigeants nantais souhaitent ne pas rater cette nouvelle oportunité et ils s’en donnent les moyens en renforçant l’effectif de Michlowski par deux joueurs de renom : René Dereuddre, ex-international et Jean Robinet un attaquant du Red Star d’origine antillaise.
Au terme des matchs aller les jaune et vert sont sacrés champions d’automne. On se met à rêver.
Malheureusement les blessures vont accabler le FCN lors des matchs retour et les beaux espoirs de montée vont s’envoler. Ainsi fin février le FCN se retrouve 12ème !!!! La D1 s’est une nouvelle fois refusée au club nantais.

En fin de saison, Michlowski quitte le FCN qui manque selon lui d’ambitions et retourne entrainer le SCO à Angers. Dereuddre reste quant à lui à Nantes pour une saison supplémentaire. Il voit ainsi l’arrivée d’un nouveau venu à la tête du staff technique des canaris. Un inconnu dont le nom trahit les origines : José Arribas.
La première saison d’Arribas au FC Nantes, si elle marque une rupture dans la manière dont le FCN pratique le football, reste dans la continuité de la médiocrité des résultats des entraineurs précédents : 11èmes en fin de saison. Elle est notamment marquée par le divorce entre Arribas et Antoine Raab, le directeur sportif du club, qui n’adhère pas aux idées du basque. Il lui reproche notamment le manque de “muscle” de son équipe. D’ailleurs le désastre de Boulogne semble donner raison dans un premier temps à Raab. Dans la cité portuaire du nord de la France le FC Nantes reçoit, le 25 septembre 1960 une des plus grandes humiliations de son histoire avec une défaite (10-2) qui aurait pu rapidement écourter le règne de José Arribas chez les canaris, heureusement il n’en fut rien. René Dereuddre était sur la pelouse ce jour là en compagnie d’un autre ancien international : Daniel Carpentier (1 sélection).
Heureusement la suite de la saison fut meilleure et, même s’il ne fut jamais question de montée par la suite, le football proné par José Arribas commençait à donner quelques résultats.

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FCN au Parc des Princes lors de la saison 60-61

En fin de saison au moment des bilans, les dirigeants nantais prennent le partie de renforcer une défense qui prend trop de buts et recrutent César Pancho Gonzalez. L’ancien champion de France niçois coûte cher malgré ses 35 ans, le président Clerfeuille doit donc vendre quelques joueurs pour équilibrer cette arrivée.
C’est ainsi que Dereuddre quitte le FCN durant l’été 1961 et rejoint le FC Grenoble qui vient d’être relégué en D2 après sa 17ème place en D1.
Ce titre de champion de D2 que Dereuddre n’a pu obtenir chez les canaris il le décroche dès sa première saison dans l’Isère. En 1962 René Dereuddre retrouve donc l’élite pour la dernière fois. Le FC Grenoble termine 17ème et fait à nouveau l’ascenseur en direction de la D2.
René a maintenant 33 ans, il a passé ses diplômes d’entraineur et effectue sa dernière saison de joueur professionnel avec le FCG avant de prendre la direction de la Sarthe où l’US Le Mans lui offre le poste d’entraineur joueur.

René ne le sait pas encore mais il pose ses valises pour la dernière fois dans la cité mancelle. Il joue encore 4 ans avant de raccrocher définitivement les crampons et se consacrer uniquement à son rôle d’entraineur.
Un poste dans lequel il excelle, car obtenant de bons résultats il propulse l’US Le Mans depuis la CFA en 1965 jusqu’à la Deuxième Division en 1970.

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Entraineur à l’US Le Mans en 1970

Lors de cette saison 69-70 l’US Le Mans écrit la plus belle page de son histoire car, au delà de sa réussite en championnat, l’équipe “drivée” par René Dereuddre réussit un superbe parcours en Coupe de France. Elle élimine l’US Saintaise CC en 1/32èmes de finale (2-1, à Challans) puis le Stade de Reims en 1/16èmes de finale (3-1, à Châteauroux) avant de tomber en 1/8 face au FC Nantes futur finaliste(0-4 puis 0-2). Lors des 3 saisons suivantes les manceaux atteignent le sommet de leur histoire en D2 : 1970-1971 (9e), 1971-1972 (4e), 1972-1973 (8e) avant de s’écrouler en 1973-1974 (17e) et de redescendre en D3 en 1974.
Une réussite qui se traduit par un titre honorifique de meilleur entraineur de D2 qui est décerné à René en 1972.
René Dereuddre restera entraineur de l’US Le Mans jusqu’en 1976 avant de travailler ensuite au service des sports de la ville du Mans. Une ville qu’il ne quitte pas, y passant sa retraite.

René Dereuddre s’est éteint au Mans le mercredi 16 avril 2008.

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RIP René.

 

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