Hugo Alberto Curioni “el Tula”, profession : Goléador !

Curioni Panini 74-75

Joueur du FC Nantes en 1974

Un des représentants de la colonie argentine passée au FCN. S’il n’est resté qu’un an chez les canaris, “El Tula” aura eu le temps d’y démontrer un talent de buteur incomparable. Pourtant son profil ne correspondait pas à José Arribas qui préférât le laisser partir à Metz, pour le plus grand bonheur des lorrains.

né le 11 octobre 1946 à General Cabrera dans la Province de Cordoba (Argentine)
Taille : 1,80 m; poids : 78 Kg
Avant-centre (professionnel 1968 - 1981?)
Formé à l’Atletico Bell (ARG)
Champion d’Argentine (Tournoi Nacional) en 1970
Vice Champion d’Argentine (Tournoi Metropolitano) en 1973
Meilleur buteur de la poule Métropolitaine en 1973 (17 buts en 32 matchs)

Carrière à Nantes :
Vice Champion de France avec le FC Nantes en 1974
1973-74 (D1) : 19 matchs pour 14 buts (+3 buts marqués en Coupe de France)
1974-75 (D1) : 19 matchs pour 10 buts
Au total il aura marqué 27 buts marqués en 49 matchs joués avec le FCN.
Premier match en D1 : 6 Janvier 1973 (Nantes 3-0 Paris FC)
Premier but en D1 : 6 Janvier 1973 (Nantes 3-0 Paris FC)

Club précédents :
1967 : Atletico Bell (ARG)
1968-1969 : Instituto Cordoba (ARG) - (46 buts)
1970-1973 ; Boca Juniors (ARG) -(69 buts en 135 matchs)

Clubs après le FCN :
1974-1978 : FC Metz (71 buts en 132 matchs) - Meilleure attaque du championnat en 1975-76
1978 : Troyes AF (1 but en 5 matchs)
1978-1980 : Montpellier La Paillade (22 buts en 55 matchs)
1980 : Toluca (MEX)
1980-1981 : Gimnasia La Plata (ARG)  - (10 buts en 26 matchs)

Hugo Alberto Curioni “el Tula”, “le Sac” en français, est né en 1946 en Argentine dans la province de Cordoba. Pendant longtemps le football se résumera pour lui à des oppositions entre équipes de quartiers. Il ne rejoindra son premier club, celui de son Barrio (General Cabrera), qu’à l’âge de 16 ans. L’été suivant il fait quelques matchs avec l’Atletico Bell ainsi qu’un essai infructueux à Rosario Central. Il revient à General Cabrera avant d’être contacté par les recruteurs du grand club régional, l’Instituto Cordoba, qui l’avaient remarqué lors d’un match amical joué avec l ‘Atletico Bell où il avait marqué par 3 fois. Un match auquel il avait participé  sous un faux nom car sous le coup d’une suspension. Il rejoint donc la « Gloria » (surnom de l’IAC Cordoba) pour la saison 1968. Ses débuts sous le maillot « albirroja » sont fracassants : pour sa première année dans la Liga Cordoba Curioni inscrit 40 buts.


Ses nouveaux dirigeants se frottent les mains, l’affaire est bonne. Tellement bonne qu’ils jugent opportuns de profiter de la fraîche réputation de leur nouveau buteur pour le proposer aux grands clubs nationaux et notamment le célèbre Boca Juniors qui vient faire un match amical à Cordoba. Lors de ce match Curioni ne restera que 20 minutes sur la pelouse avant de sortir  blessé. Le temps d’un aller retour à l’hôpital, quand Hugo revient au stade deux heures plus tard le match est bien évidemment terminé, sa chance est passée semble-t-il. Ce qu’il ne sait pas encore c’est qu’il a tapé dans l’œil de l’entraineur de Boca, un certain Alfredo Di Stefano, qui a ordonné à ses dirigeants de recruter Hugo.
Curioni rejoint donc le club des quartiers sud de la capitale argentine en janvier 1970.Pendant ce temps les recruteurs de l’IAC Cordoba se sont déjà mis sur la piste du successeur de Curioni, il se nomme Mario Alberto Kempes et vient lui aussi de Bell Ville.

 

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Curioni sous le maillot de l’Instituto Cordoba (le plus à gauche)

 

Quand Curioni débarque à Boca, celui qui l’a fait venir, Di Stefano, est parti à Valence et il est bientôt évident que le nouvel arrivant ne rentre pas vraiment dans les plans du nouvel entraineur. Ainsi après 6 mois passés à travailler dur à l’entrainement, Curioni n’a toujours pas joué. Il se montre souvent à son avantage mais n’est jamais appelé pour les matchs. Les limites de sa patience étant atteintes, un mardi il s’en va voir son entraineur pour demander quelques explications. Ce dernier lui répond qu’il croyait qu’il n’aura jamais les c…lles de venir se plaindre ! Le dimanche suivant Hugo fait ses grands débuts avec Boca en Copa Libertadores en Bolivie, à la Paz plus exactement. Curioni entre en seconde période et marque son premier but sous la tunique xeneize. C’est le premier d’une longue série de réalisations pour le club résident de la Bombonera , stade dont Hugo devient rapidement une idole.

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En bas à droite avec le célèbre maillot bleu et jaune

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 Quand 2 goléadors se rencontrent…

En trois saisons passées à Buenos Aires Curioni  marquera 69 fois en 135 matchs, les “hinchas xeneises” le surnommant « el Tula » ou encore « el Cordobes ». Il participe notamment à l’obtention du titre National en 1970 et certains de ses buts sont éternellement gravés dans la mémoire des bouillants supporters du Boca. Il détient d’ailleurs un record,  il a en effet inscrit un but lors de six « classicos » consécutifs. Quand on connaît la rivalité qui anime les deux grands clubs de la capitale argentine que sont le Boca Juniors et le River Plate on peut mesurer la grandeur de cet exploit et la place que Curioni occupe dans le cÅ“ur des supporters du Boca.

 

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Une obsession : marquer !

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69 buts en 135 matchs avec Boca Juniors

 

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Curioni c’est du punch…

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 …et un style qui déménage !

En 1973 après 3 ans passés à Buenos Aires l’envie de découvrir d’autres horizons est de plus en plus présente dans son esprit. Au retour d’une tournée en Espagne avec Boca lors de laquelle il s’est fait remarquer par les recruteurs européens (il marque 4 buts lors d’un match amical contre Malaga) il demande clairement à son Président de le vendre. Même si cette requête ne fait pas spécialement plaisir aux dirigeants argentins, ils savent aussi que tôt ou tard ils seront obligés de se séparer de leurs meilleurs éléments, il en va toujours ainsi du football argentin. Lorsqu’en fin d’année 1973 les émissaires du FC Nantes viennent proposer un montant record pour le transfert de leur « goléador » , les dirigeants du Boca acceptent la transaction avec les français.

Hugo Curioni arrive sur les bords de Loire, rejoignant ses compatriotes Angel Marcos et Hugo Bargas, la filière argentine du FC Nantes est en train de s’installer. C’est d’ailleurs Angel Marcos qui avait parlé de Curioni aux dirigeants nantais. Quant à Hugo Bargas, il confirme le conseil de Marcos, que selon lui Curioni est un buteur de première classe mais quÂ’’en dehors du terrain, il ne savait pas pourquoi, Hugo ne disait jamais bonjour à personne. En fait Curioni est un introverti peu expansif avec les mots, lui son langage c’est le terrain, et sa meilleure expression les buts qu’il marque. Il n’aime pas parler voilà tout !

Hugo Curioni rejoint l’effectif nantais tandis que le championnat reprend ses droits après la traditionnelle trêve hivernale. La première partie de saison a été bonne, les canaris sont 3èmes et ne comptent que 3 points de retard sur des leaders stéphanois.  Seul point noir, mais il a marqué les esprits, les Canaris se sont piteusement fait éliminés par les modestes amateurs Danois de Vejle lors du premier tour de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Par ailleurs le secteur offensif laisse planer quelques doutes car son rendement est inférieur à celui de la saison précédente. A la fin des matchs aller le FCN n’a que la 7ème meilleure attaque du championnat. Il est vrai qu’Angel Marcos se remet difficilement de sa grave blessure et tarde à retrouver sa forme physique. Didier Couécou, quant à lui est de plus en plus discuté, son style puissant et direct ne convient pas à José Arribas qui a des idées très arrêtées du rôle d’avant-centre au FC Nantes et sur la manière dont son équipe doit développer ses mouvements offensifs.

« El Tula »  doit être celui qui débarrassera l’attaque nantaise de ses maux. Il croisera donc à son arrivée Couécou qui lui cède sa place et retourne sur la Canebière après une saison et demie passée sous le maillot jaune et vert.

Curioni est précédé de sa réputation de « goléador », ses statistiques et le fait qu’il provienne d’un grand club sud américain font déjà saliver le public de Marcel Saupin. Il ne les décevra pas…Le 6 Janvier 1974, pour son premier match devant ses nouveaux supporters, il ouvre le score face au Paris FC dès la 2ème minute. C’est le premier des 14 buts qu’il inscrira lors de la fin du championnat pour seulement 19 matches disputés !

La semaine suivante, pour le grand derby chez le SCO Angers qui fait l’une des meilleures saisons de son histoire (ils sont 3èmes avant le match), Curioni marque le but de la victoire (2-3) qui permet aux nantais d’occuper seuls la tête du championnat de France.

Le 27 janvier, lors du choc au sommet du championnat contre St Etienne à Marcel Saupin, Curioni est à nouveau décisif en offrant au jeune Loic Amisse son premier but chez les pros. Ce jour là les nantais s’imposeront 3-1, ils paraissent bien partis pour conserver leur couronne de champion de France.

Au printemps “el Tula” réussit son unique triplé sous les couleurs nantaises, le 19 avril 1974 contre Lens, pour une large victoire à Saupin en championnat. Malheureusement à ce moment fatidique de la saison le FCN est en perte de vitesse, de trop nombreux faux pas contraindront les canaris à laisser le titre leur échapper au profit de leur rival stéphanois.

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Le 3ème en partant de la gauche en bas, contre le Légia Varsovie en Coupe d’Europe

 

En six mois l’argentin a déjà fait ses preuves de buteur incomparable…mais…

Si l’on devait décrire le style « Curioni » on écrirait c’est Couécou en plus puissant et en plus efficace.C’est un attaquant « fonceur », qui possède une force de bison et une masse physique impressionnante pour l’époque (1,80m, 78 Kg). Une seule obsession : le but adverse.Il marque des buts à une cadence régulière, grâce à son jeu de tête et à sa force de frappe. Pourtant ce n’est pas à proprement parlé un joueur de surface. Il aime aller sur les côtés avant de repiquer vers le centre. Car bien que droitier, Curioni dispose également d’un très bon pied gauche avec lequel il marque aussi souvent.

 

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 La Une du Miroir du football : Curioni déborde Lopez lors du sommet du championnat

Le début de la saison 1974-75 ne fait que confirmer les premières impressions laissées par Curioni. Il réussit un doublé le 16 août 1974 qui permet de ramener le match nul d’un déplacement au Red Star. Cependant au soir du 23 décembre 1974, après 22 journées de championnat, le FCN occupe une modeste 7ème place. Une nouvelle fois le rendement offensif de l’équipe est pointé du doigt. Seulement 29 buts marqués : la 13ème attaque de la ligue ! A lui seul Hugo a marqué près du tiers des buts de l’équipe (9) pourtant, à la surprise générale, les dirigeants nantais décident de prêter leur meilleur buteur pour la deuxième partie de la saison.

Outre les questions liées à son style pas assez « nantais » (contrairement au jeune Eric Pécout qui commence à pointer son nez), une autre raison du départ de Curioni est la nécessité de libérer une place d’étranger au sein de l’effectif. A cette époque seuls 3 joueurs non-français peuvent figurer sur la feuille de match en Première Division, or à Nantes, outre les 3 argentins, on trouve aussi l’allemand Erich Maas. Et comme la nouvelle star annoncée du football nantais, Robert Gadocha, est attendue à Château Bougon, il risque d’y avoir “embouteillage”. L’arrivée du polonais force donc les dirigeants à se séparer d’un étranger. C’est ainsi que Robert Gadocha pose le pied sur la terre bretonne quelques semaines après que Curioni ait quitté la Loire-Atlantique. Le 2 janvier 1975 Curioni quitte le FC Nantes pour le FC Metz.

En Lorraine « El Tula » va imposer son dynamisme à toute épreuve et son efficacité. Au terme de la saison 74/75, il a inscrit 19 buts en championnat (dont 9 avec le FCN), terminant 3ème meilleur buteur du championnat. Son compère de l’attaque messine, le luxembourgeois Nico Braun, en a marqué 17 quant à lui. Durant l’intersaison estivale de 1975 le FCN pourrait récupérer son goléador mais il ne le fera pas préférant recruter Yves Triantafilos chez les verts. Un choix surprenant. Les dirigeants lorrains, quant à eux, sautent sur l’occasion et Hugo Curioni devient définitivement messin.

 

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Curioni devient définitivement messin pendant l’été 1975.

Lors de la saison 1975/76 Curioni marque 25 buts et son comparse Braun 16. Cette saison là le FC Metz possède la meilleure attaque de D1 avec 72 buts, le duo sera alors surnommé “Les artilleurs de Metz”. En 1976/1977 Curioni marque à 22 reprises et Braun trouvera le fond des filets 23 fois. Il s’agit de la dernière grande saison de cette remarquable association à la pointe de l’attaque du FC Metz. Le rendement de Curioni baissant lors de la saison 1977/1978 et Hugo est même prêté en fin de saison au Troyes AF pour l’aider dans une opération maintien en D1 qui échouera.

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Hugo Curioni et Nico Braun, les “artilleurs” du FC Metz

 

A l’intersaison 1978, le FC Metz ne désire pas maintenir Curioni dans son effectif il semble donc temps pour ce dernier de penser à rentrer dans son Argentine natale. Pourtant le Président d’un club nouvellement promu en D2 va le retenir dans l’hexagone. Loulou Nicollin se montre suffisamment convainquant pour qu’« el Tula » rejoigne la Paillade de Montpellier pour la saison 1978/79. C’est le Président du club montpelierain qui le dit : « Lui, cela a été le premier grand joueur que jÂ’ai fait signer.» En 33 matchs il marque 17 fois et est le meilleur buteur du club. En 1979/80 il ne score qu’à 4 reprises en 15 rencontres disputées.

 

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Curioni avec Montpellier en Coupe de France

Curioni mise beaucoup sur ses qualités athlétiques et sur son engagement physique pour faire la différence, à 34 ans, il devient moins puissant, il est donc temps pour lui de penser à rentrer au pays. L’enfant de Bell Ville rentre donc à Cordoba en 1981, il rejoue une saison avec la « Gloria », son premier club professionnel, avant de prendre une retraite sportive bien mérité.

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Curioni et Loulou, en 2004 pour les 30 ans de la Paillade

 

Aujourd’hui Hugo Alberto Curioni vit toujours à Bell Ville mais s’est retiré du monde du football.

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