Saison 1951-52 : si près, si loin de la D1
Cette fois les canaris sont dans le coup. Malheureusement lors de la phase retour des évènements contraires vont venir perturber leurs plans. Au final, les jaune et vert réalisent la plus belle saison de leur histoire mais voient leurs espoirs de montée cruellement leur échapper.
Président : Saupin Marcel
Entraineur : Emile Veinante
Effectif : Amy (Christian), Bauman (Anton), Bersoullé (Paul), Bouteiller (René), Budzin (Stanislaw) dit “Staho”, Devallan (Jean), Domenger (Jean), Ferrier (Pierre), Hérouard (Lucien), Madani (Abdesselem), Minci (Oswaldo), Orengo (Roger), Perez (Paul), Uchart (Amédée), Van Geen (Jan), Vreken (Gerrit).
Arrivées : Paul Bersoullé (Saint-Dizier), Lucien Hérouard (Amiens), Abdesselem Madani (Amiens), Roger Orengo (Monaco), Paul Perez (Bordeaux), Amédée Uchart (Amiens), Emile Veinante (entr. Metz).
Départs : Edmond Barbier (autre club nantais), Joseph Cauwelier (Monaco), Robert Garrec (arrêt), Antoine Gorius (entr. arrêt), Albert Heil (arrêt), Giuseppe Mattioni (Toulon), Camille Subileau (Le Mans), Edmond Urbanski (arrêt).
Football Club de Nantes
Saison 1951-52 :
En haut debout de gauche à droite : Veinante, Devallan, Amy, Bersoullé, Uchart.
Au milieu de gauche à droite : Vreken, Orengo, Hérouard, Baumann, Bouteiller.
Assis au premier rang de gauche à droite : Madani, Van Geen, Perez, Minci, Ferrier, Staho.
Championnat : Deuxième Division
Classement : 4ème (34 matchs, 17 victoires, 8 nuls, 9 défaites, 61 buts marqués, 57 buts encaissés).
Buteurs : Van Geen (14), Bouteiller (12), Perez (10), Ferrier (7), Madani (4), Minci (4), Orengo (4), Bauman (1), Bersoullé (1), Devallan (1), Domenger (1), Uchart (1).
L’évènement majeur de l’intersaison au FC Nantes est l’arrivée d’Emile Veinante qui succède donc à Antoine Gorius au poste d’entraineur. En 1951 Emile Veinante est un grand nom du football français, international à de très nombreuses reprises (24) et surtout sur une longue période (11 ans), Mimile a participé à 2 Coupes du Monde (1930 et 1938). Il fut l’un des meilleurs attaquants de sa génération (joueur de l’année 1936) et occupait le poste d’ailier de la célèbre équipe des “Pingouins” du Racing qui régnait sur le football français durant les années 30 (doublé Coupe-Championnat en 1936 et Coupe de France 1939). Reconverti comme entraineur dès 1940, il est passé successivement sur les bancs de touche du Racing, de Strasbourg, de Nice et de Metz avant d”arriver à Nantes. Ses principaux faits d”armes comme entraineur sont une place de finaliste de la Coupe de France avec Strasbourg (1947) et l’accession du FC Metz à la D1 en 1951. Tout sauf un débutant donc ! Après Aimé Nuic et Antoine Gorius, Emile Veinante est le troisième lorrain à assurer le poste d’entraineur au FCN.
Côté mouvements d’effectif on notera que si l’intersaison précédente avait été marquée par la filière hollandaise, celle de 1951 se situerait davantage du côté de la Picardie. Plus précisément d’Amiens dont 3 nouveaux joueurs sont issus : Amédée Uchart, un défenseur de 27 ans, Abdesselem Madani , 26 ans, ancien milieu de terrain passé par le Red Star qui jouit d”une belle expérience en D1 et qui restera finalement 5 ans au FCN et enfin Lucien Hérouard, un autre défenseur plutôt costaud. Le club d’Amiens semble alors en proie à d’importantes difficultés financières qui l’obligeront à abandonner le statut pro un an plus tard. L’expérimenté Paul Bersoullé, milieu de terrain de 33 ans rejoint aussi le FCN, il a joué de nombreux matchs en D1 et fut capitaine au Red Star. Passé par Nice, Le Havre, Rouen et Angers le FC Nantes est la dernière étape de sa carrière, il ne jouera que 11 matchs lors de sa seule saison chez les canaris. Un échange est aussi réalisé avec l’AS Monaco : Roger Orengo (attaquant, 26 ans) arrive sur les bords de Loire tandis que le défenseur Joseph Cauwelier part en Principauté. Cauwelier aura porté le maillot jaune et vert durant 4 saisons, il réalisera ensuite une longue carrière qui se terminera par 5 saisons de D1 avec Valenciennes entre 1956 et 1961. En début de saison un autre attaquant sera aussi recruté : Paul Perez. La saison précédente il a marqué 23 buts avec Cannes avant d’être récupéré par Bordeaux. il ne joue qu’une rencontre avec les Girondins avant d’être à nouveau transféré vers Nantes. Deux piliers des premières années professionnelles du FCN tirent quant à eux leur révérence : Robert Garrec et Albert Heil. Depuis son arrivée au club en 1944 le second s’occupe des affaires administratives du FC Nantes en même temps qu’il joue (contrat semi-professionnel). Blessé à un genou il préfère mettre un terme à sa carrière de joueur et se prépare à passer ses diplômes d’entraineur. Giuseppe Mattioni, le gardien qui ne sera resté qu’un an, rejoint quant à lui Toulon. C’est Christian Amy qui devient l’unique titulaire du poste, son suppléant semblant être….Vreken, le milieu de terrain hollandais !
L’arrivée du nouvel entraineur et le recrutement conséquent provoquent une vague d’optimisme renforcée lors des matchs de pré-saison qui voient les nantais remporter la Coupe Odorico : un tournoi amical opposant traditionnellement les équipes Nantes, Rennes et Angers. Les hommes de Veinante prennent d”ailleurs un excellent départ dans un championnat qui ne les verra jamais descendre en dessous de la 5ème place par la suite. Ils se positionnent d’entrée dans le peloton de tête et font rapidement figure de candidat à la promotion.
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30/9/1951 (7ème journée D2) : CA Paris 0-2 FC Nantes
Au soir du 14 Octobre 1951 après la superbe victoire à Malakoff contre Valenciennes, le FCN occupe une solide deuxième place du classement de Deuxième Division. Quatre jours plus tard, ils se rendent au Parc des Princes pour affronter le leader et favori de la Division : le Stade Français. Les stadistes ont, à ce moment, réussi un début de saison quasi parfait remportant l”ensemble de leurs rencontres hormis le derby perdu contre le CAP. Généralement ils ne battent pas leurs adversaires, ils les écrasent… Hors les canaris parviennent à ramener un méritoire match nul de leur voyage dans la capitale (0-0) non sans avoir, au passage, fait sérieusement douter l’ogre parisien.
18/10/1951 (9ème journée D2) : Stade Français 0-0 FC Nantes
Cette équipe là a du répondant assurément. Et si cette fois c”était la bonne saison ! On se met à rêver.
Le 29 Octobre, les normands du FC Rouen se présentent au Parc des Sports. Les rouennais occupent alors la 3ème place du classement juste derrière le FCN. L’affiche est belle et le public répond présent. Grâce à 2 tribunes métalliques provisoires, ce sont 9500 spectateurs qui assistent au match nul (1-1) entre les 2 équipes et établissent ainsi un nouveau record d”affluence. Le 9 Décembre, c’est le derby. A Angers les nantais sont malmenés en première période. Ils regagnent les vestiaires menés 3-1 et paraissent être désemparés. Rien ne peut résister à des scoistes dans un grand jour. C’est alors qu’intervient le coup de génie d’Emile Veinante qui, perdu pour perdu, tente le coup de poker. Il inverse ses lignes : les inters passent ailiers, les ailiers inters, les demis arrière et les arrière demis (les anciens qui ont connu le WM comprendront). Une manÅ“uvre qui réussit à perturber l’organisation du SCO. Van Geen réduit tout d’abord l’écart au panneau d’affichage avant que Madani n’égalise. Enfin c’est Bouteiller qui marque le but de la victoire. Chez les supporters nantais qui ont fait le déplacement c’est du délire. On se dit que, décidément, rien ne semble pouvoir arrêter ces canaris là !
Lors de la Journée de l’entraide organisée lors des fêtes de fin d’année les jaune et vert se permettent même d’accrocher à leur tableau de chasse les Girondins de Bordeaux (2-0) alors pensionnaires de D1.
Une belle performance qui, malheureusement, précède un mauvais début d’année 1952.
Le 6 Janvier les nantais s’inclinent lourdement au Stade Nungesser contre Valenciennes (4-1) puis c’est l’élimination en Coupe de France contre les amateurs de St Quentin (1-2). La mauvaise série continue à Toulouse : nouvelle défaite en championnat (2-0).
20/1/52 (21ème journée D2) : Toulouse 2-0 FC Nantes
Les nantais traversent alors une sale période et ce n’est pas le premier match de l’année à domicile contre Cannes qui va arranger leurs affaires. Le 27 janvier la journée s’annonce pourtant sous les meilleurs hospices. Les canaris réalisent une superbe prestation et Van Geen signe un superbe triplé qui ouvre les voies du succès. Les défenseurs azuréens vont lui faire payer sa réussite : tout le stade Malakoff entend le craquement de la jambe du hollandais qui se brise. Van Geen est “out” pour la fin de la saison, c’est le début de la fin des espoirs de montée. L’équipe de Veinante ne se remettra pas de l’absence de son buteur. D”ailleurs début mars le Stade Français vient donner la leçon aux nantais sur leur terrain (1-5).
2/3/1951 (25ème journée D2) : FC Nantes 1-5 Stade Français
Pourtant à 7 journées de la fin du championnat le FCN reste 3ème du championnat. Si le Stade Français s’est envolé et est désormais hors d’atteinte, son dauphin, Montpellier, n’a que 2 points d”avance sur les canaris. Rien n’est perdu pour l’accession directe !
9/3/1951 ( 26ème journée D2) : FC Nantes 3-1 Grenoble
C’est lors de la 28ème journée, le 30 Mars, que sonnera le glas des espérances nantaises. Ce jour là les canaris s’inclinent à Troyes tandis que les héraultais l’emportent à domicile contre le Stade Français et reprennent donc 4 points d”avance.
30/3/52 (28ème journée D2) : Troyes 3-2 FC Nantes
Malgré cet arrêt de Christian Amy sous le regard de Staho, Nantes s’incline à Troyes
Le 13 avril c’est justement Montpellier qui vient donner la réplique aux canaris à Malakoff. Le match se passe mal, l’arbitre parait clairement avantager les visiteurs ce qui n’est pas du goût des supporters locaux bien évidemment. C’est dans une ambiance houleuse qu’en fin de match l’homme en noir regagne son vestiaire sous les huées du public. Mais pour les jaune et vert l’important n’est plus là . Ils sortent battus (0-2) et leur espoir de montée directes s’est évanoui. Pire, les valenciennois les devancent désormais au “goal-average” pour la 3ème place synonyme de barrage d”accession.
Le match suivant se déroule à Monaco, le 26 avril 1952. Les nantais n’ont plus le choix il leur faut absolument ramener des points du voyage en Principauté. La partie s’engage mal, rapidement Bauman se blesse et laisse ses équipiers en infériorité numérique (pas de remplacement autorisé à cette époque). Pourtant après 80 minutes, le score est de 1 partout, le FCN tient un bon point dans ces conditions. Hélas dans la minute suivante, les monégasques prennent l’avantage sur un but jugé hors-jeu par les défenseurs nantais. Les canaris protestent mais reprennent la partie en jetant tout ce qui leur reste de courage dans la bataille. Le miracle se réalise, ils parviennent à égaliser. En tout cas c’est ce que l’on croit avant que l’arbitre ne vienne briser la joie des nantais. Le but est annulé pour….hors-jeu ! Cette fois c’en est trop, ce qui était difficile à 10 contre 11 devient irréalisable si même l”arbitre se met contre eux. Du coup les joueurs nantais décident de faire….. grève ! Vreken, qui joue gardien ce jour là , s’asseoit au pied de son poteau et regarde les buts passer. En 4 minutes, les canaris encaissent 6 buts. C’en est est fini pour les barrages. Les valenciennois viennent de s’imposer à domicile contre le SCO et assureront désormais leur 3ème place.
Quand la saison se termine, le 24 mai, par une victoire contre les voisins angevins (3-2) le FC Nantes obtient, avec sa 4ème place, le meilleur classement de sa (courte) histoire. Un sentiment d’inachevé habite tout de même les esprits : la montée tant espérée, si longtemps à portée de fusil, s’est finalement évaporée. Allons ! Si ce n’est pas pour cette année, c’est pour la prochaine !
Bilan de la saison :
Tags: 1951, 1952, Abdesselem Madani, Amédée Uchart, Anton Bauman, Christian Amy, Emile Veinante, Gerrit Vreken, Jan Van Geen, Marcel Saupin, Paul PérezDeuxième Division
FC Nantes : 4ème
1ère journée : Amiens 1-2 FC Nantes
2ème journée : FC Nantes 1-1 Monaco
3ème journée : Besançon 1-4 FC Nantes
5ème journée : FC Nantes 5-3 Toulouse
6ème journée : Cannes 3-1 FC Nantes
7ème journée : CA Paris 0-2 FC Nantes
8ème journée : FC Nantes 0-0 Le Mans
4ème journée : FC Nantes 3-0 Valenciennes
9ème journée : Stade Français 0-0 FC Nantes
10ème journée : Grenoble 1-1 FC Nantes
11ème journée : FC Nantes 1-1 Rouen
12ème journée : FC Nantes 1-0 Troyes
13ème journée : Montpellier 2-0 FC Nantes
14ème journée : FC Nantes 3-1 Béziers
15ème journée : Alès 1-1 FC Nantes
16ème journée : FC Nantes 2-1 Toulon
17ème journée : Angers 3-4 FC Nantes
18ème journée : FC Nantes 2-0 Amiens
19ème journée : FC Nantes 2-2 Besançon
20ème journée : Valenciennes 4-1 FC Nantes
21ème journée : Toulouse 2-0 FC Nantes
22ème journée : FC Nantes 4-2 Cannes
23ème journée : FC Nantes 1-0 CA Paris
24ème journée : Le Mans 0-0 FC Nantes
25ème journée : FC Nantes 1-5 Stade Français
26ème journée : FC Nantes 3-1 Grenoble
27ème journée : Rouen 1-2 FC Nantes
28ème journée : Troyes 3-2 FC Nantes
29ème journée : FC Nantes 0-2 Montpellier
30ème journée : Monaco 8-1 FC Nantes
31ème journée : Béziers 0-3 FC Nantes
32ème journée : FC Nantes 2-0 Alès
33ème journée : Toulon 6-3 FC Nantes
34ème journée : FC Nantes 3-2 AngersClassement
Clast Clubs Pts J G N P Bp Bc Diff
1 Stade Français 34 27 2 5 100 38 +62 (D1)
2 Montpellier 34 21 5 8 68 37 +31 (D1)
————————
3 Valenciennes 43 34 17 9 8 68 44 +24 (Barrages Accession)
————————
4 Nantes 42 34 17 8 9 61 57 +4
5 Monaco 40 34 16 8 10 54 40 +14
6 Angers 40 34 16 8 10 64 57 +7
7 Grenoble 36 34 16 4 14 64 55 +9
8 Besançon 35 34 13 9 12 83 65 +18
9 Toulon 35 34 14 7 13 56 63 -7
10 Rouen 34 34 13 8 13 64 44 +20
11 Troyes 34 34 13 8 13 58 56 +2
12 Toulouse 34 34 14 6 14 52 57 -5
13 Cannes 27 34 12 3 19 57 77 -20
14 CA Paris 27 34 12 3 19 38 52 -14
15 Béziers 24 34 9 6 19 40 63 -23
16 Amiens 22 34 7 8 19 43 84 -41 (*)
17 Le Mans 19 34 7 5 22 45 87 -42 (*)
18 Alès 17 34 5 7 22 42 81 -39
(*) Amiens et Le Mans abandonnent le professionnalisme et sont rétrogradés.Buteurs : Jonsson (Stade Français),34 buts - Belaid (Alès), 25 buts - Paluch (Rouen), Skiba (Besançon), Hoffmann (Besançon), 22 buts - etc…
Coupe de France
64èmes de Finales
FC Nantes 7-0 Lorient32èmes de Finales au Mans le 13/1/1952
St Quentin 2-1 FC Nantes