“Bebert” Heil - Une vie au service du FC Nantes

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 Joueur du FC Nantes de 1944 à 1961.

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Secrétaire et entraineur au FC Nantes de 1945 à 1983

La guerre l’aura amené à Nantes un jour d’été en 1944. Il ne quittera plus notre région et passera 40 ans au sein du FCN dans lequel il endossera les rôles de joueur, secrétaire, entraineur et recruteur. Il restera proche du club jusqu’à sa mort en février 2017. L’occasion de lui rendre hommage pour le travail accompli.


né le 26 juillet 1921 à Hayange (Moselle)
décédé le 22 février 2017 à Nantes

Palmarès avec le FC Nantes :
Champion d’Anjou 1945
Coupe d’Anjou 1945
Coupe de l’Ouest Amateur 1945

Carrière à Nantes :
1944-45 (D2) : ? matchs pour ? buts
1945-46 (D2) : ? matchs pour ? buts
1946-47 (D2) : ? matchs pour ? buts
1947-48 (D2) : ? matchs pour ? buts
1948-49 (D2) : 14 matchs pour 1 but
1949-50 (D2) : 25 matchs pour 4 buts
1950-51 (D2) : 14 matchs pour 2 buts

Club précédents :
?-? : Longwy
?-1944 : Avia Club
1944-1961 : FC Nantes

Albert Heil est originaire du bassin minier lorrain. Né à Hayange, il habite Longwy quand éclate la 2ème guerre mondiale. Comme tous les jeunes lorrains, il se retrouve alors vite sous la menace d’être incorporé de force dans la Wehrmacht pour être expédié sur le front de l’Est parmi ceux que l’on appellera les “Malgré-nous”.
C’est le football et ses talents qu’il a pu démontré comme avant-centre de l’équipe de Lorraine junior qui vont l’aider à échapper à ce triste sort.
Aimé Nuic, un lorrain comme lui et alors entraineur de l’Avia Club, club parisien qui domine le championnat amateur, invite Albert à le rejoindre dans la capitale. Quand quelques mois plus tard l’ancien international migre plus à l’ouest pour devenir le premier entraineur du FC Nantes qui vient de naitre,  Albert peut le suivre mais la vue de la ville de Nantes (dévastée) lors d’un match amical disputé en 1943 l’encourage à rester à Paris. Ce n’est que partie remise…

Durant l’été 44 c’est naturellement vers l’Avia Club que Nuic, au terme d’une première saison passée chez les canaris, reviendra chercher quelques renforts : Gaston David - un gardien de but - et Albert Heil - un ailier qui accepte cette fois la proposition nantaise.

“A Nantes j’avais à ma disposition une petite maison appartenant à Marcel Saupin, boulevard du Massacre.”

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Quand il arrive sur les bords de Loire en cet été 1944, Albert Heil est loin de se douter qu’il vient de signer là un long bail avec le FC Nantes, un club et une ville qu’il ne quittera jamais plus vraiment jusqu’à sa mort 73 ans plus tard.

Il devient rapidement un titulaire indiscutable au sein de l’attaque nantaise et se fait remarquer lors de cette première saison qui précède l’entrée du FC Nantes dans le giron du football professionnel français à partir de 1945-46. Le FC Nantes adoptant un statut semi-professionnel comme il l’explique lui même :

“On gagnait 3000F (30F nouveaux) par mois et une prime d’entrainement de 150F, on avait tous le même contrat et on bossait tous à côté. Moi je suis devenu secrétaire administratif du club. Sans trop d’enthousiasme à l’époque, j’ai accepté cette tâche, occupée finalement pendant près de 40 ans…”

Il succède alors à Pierre Lautrey en charge de ces fonctions de secrétariat depuis la création du club deux ans plus tôt et qui a jusque là doublonné avec son métier de journaliste sportif.

Albert ira même jusqu’à compléter ces fonctions de joueur et secrétaire par une troisième : celle de correspondant de presse.

“Certains déplacements étaient tellement longs et si chers - pour aller à Cannes, par exemple, il fallait quatre jours -  que le journaliste ne venait pas. C’est moi, pour “Le Populaire”, et Gergotich, pour “La Résistance” (l’actuel Presse Océan), qui faisions le papier. Je peux vous assurer que le lendemain, dans les gazettes, on était les meilleurs…”

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Bébert dans son rôle de secrétaire général du FCN en 1947

A son bureau, au premier siège du club, rue Racine, il s’occupe de tout ou presque. Organisation des déplacements, promotion des matchs, préparation des équipements : “Seulement une paire de chaussures et un maillot prêtés par saison.”

Rapidement le club va adopter un véritable statut professionnel pour ses joueurs. Heil en profite pour passer ses diplômes d’entraineur à Dinard sous les ordres de Henri Guérin et d’un certain José Arribas.

Il endosse les rôles combinés de joueur professionnel et secrétaire général du club jusqu’en 1951 quand une opération à un genou va le contraindre à mettre un terme à sa carrière de joueur “pro”. Mais Bébert n’en quitte pas pour autant les terrains et prend en charge les entrainements des équipes réserves et des jeunes du club dans ce qui constitue l’embryon de la formation nantaise.

“J’ai interrompu ma carrière de joueur en 1951 pour m’occuper des entrainements qui me prenaient beaucoup de temps. Certains jeudis j’avais en charge quatre-vingt joueurs à moi tout seul sur le petit terrain de La Mellinet, à la Contrie, qui venait de bénéficier d’un équipement électrique : je commençais à 9 heures du matin pour finir à 10 heures le soir. Mais pour dépanner, car Nantes a connu une crise d’effectif entre 1952 et 1954, j’ai remis ça en pro. Après, jusqu’à quarante ans, je n’ai plus évolué qu’avec les amateurs.”

Il doit se rendre à l’évidence et abandonner définitivement le terrain à partir de 1961 (pour l’anecdote, Bébert jouera en 1973 le match de lever de rideau des anciens pour célébrer le 3ème titre des canaris). Son travail de formateur a alors déjà payé et sous sa baguette l’équipe réserve amateur du club figure parmi les meilleures de l’hexagone, la faisant passer des rangs de la DRH à la CFA en quatre ans.

En dehors des terrains, il se rend également précieux par sa compétence et sa disponibilité dans l’ombre des présidents qui se succèdent à la tête du FC Nantes et dont il fut toujours un proche et un fidèle lieutenant.

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Parfois recruteur, il fut notamment l’un des acteurs clés de la venue au FC Nantes de quelques uns des joueurs qui en feront sa Légende tels que Suaudeau et Gondet.

Son Å“il avisé ne manquera pas non plus de remarquer les talents d’un jeune joueur d’ Aix-en-Provence qui ne tardera pas à rejoindre la maison jaune : Henri Michel.

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Ici en discussion avec le jeune Thierry Tusseau

C’est également vers Albert Heil que se tournera Clerfeuille au moment de recruter José Arribas.

Clerfeuille à Heil : “Vous connaissez Arribas ?”

Heil à Clerfeuille : “Ah oui, c’est un bon entraineur. Un formateur.”

Clerfeuille à Heil : “Vous le prendriez vous ?”

Heil à Clerfeuille : “Bah, pourquoi pas…”

Le Président suivra le conseil de son secrétaire…pour le plus grand bonheur du FC Nantes.

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Avec Arribas le FCN obtiendra enfin l’accession à la Première Division en 1963 ce que ne verra jamais Marcel Saupin.
 ”Il est décédé en janvier 1963, et le club est monté en Division 1 au mois de juin suivant. Cela aurait été le point culminant de sa vie et cela restera le plus gros regret de la mienne. Il n’aura pas vu son FC Nantes attirer entre vingt mille et vingt cinq mille spectateurs au stade Malakoff lors des premiers matchs de Division 1 de l’histoire du FCN, lui qui a tant Å“uvré pour.”

Durant les premières années du règne de José Arribas à Nantes le club s’appliquera à structurer son secteur technique.

Ainsi Guelzo Zaetta succèdera bientôt à Bébert Heil à la tête de l’équipe réserve à partir de 1964.

Puis, avec la nomination de Robert Budzinski comme Directeur Sportif en 1970 (une première en France), Albert Heil s’éloigne définitivement des terrains et se consacre désormais uniquement aux tâches administratives jusqu’en 1983 quand il prendra sa retraite.

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Avant un match à Saupin, avec Coco Suaudeau et Jean Vincent

Quand il quitte le club il y a alors tout connu et demeurera longtemps la mémoire vivante de ce que fut le FC Nantes durant ses 40 premières années d’existence.

L’année suivante il participera à l’organisation de l’Euro 1984 dans le tout nouveau Stade de la Beaujoire.

“J’ai suivi l’avancement des travaux et j’ai même dressé le premier numérotage des tribunes.”

En mai 2005, recevant la médaille d’or de la Jeunesse et des Sports en compagnie de Guelzo Zaetta, il déclarera :

“Je dois vous dire qu’en 1944, lorsque je suis arrivé à Nantes, je ne pensais pas que j’allais devenir définitivement nantais…”

Fidèle abonné, il continuera ensuite d’assister régulièrement aux matches de son club de cÅ“ur, à la Beaujoire et donnera même le coup d’envoi du match contre Auxerre lors des festivités de célébration des 70 ans du club en 2013.

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Lors des festivités des 70 ans du FC Nantes il donne le coup d’envoi du match

Le 22 février 2017, âgé de 95 ans, Albert Heil nous a quitté. Avec lui c’est le dernier témoin des premières heures du FC Nantes qui s’en est allé.

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24/2/2017 : FC Nantes - Dijon
Le stade de la Beaujoire rend un dernier hommage à celui qui fut peut-être le plus grand serviteur du club

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Adieu Bébert et encore merci pour tout !

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