Saison 1946-47 : du rêve au cauchemar

Après un début de saison chaotique, le F.C.N redresse magnifiquement la tête et commence à caresser l’espoir d’une promotion. Mais la fin de saison vire au cauchemar et la situation financière du club met en péril la continuité de l’expérience professionnelle du Football Club de Nantes.

Président : Marcel Saupin
Entraineur : Antoine Raab

Effectif :
Abautret (Eugène), Abautret (Léon), Buton, Crépin (René), Crossouard (Paul), David (Gaston)(GK), Deru (Charles), Docquin (Emile), Drummer (Charles)(GK), Feron, Flack (Stanislas), Garrec (Robert), Gergotich (Martial), Giovannetti (Ludo), Heil (Albert), Kerdraon (Joseph), Le Floch (Joseph), Lemaitre (Edmond), Maestroni (François), Pouillot (Roger), Raab (Antoine), Rivero (Victor), Scuiller (Jacques).

Football Club de Nantes

Saison 1946-47 :

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Championnat : Deuxième Division
Classement : 8ème
(42 Matchs, 16 victoires, 13 nuls, 13 défaites, 66 buts marqués, 70 buts encaissés.
Buteurs : Scuillier (19 buts), Crépin (17 buts), Le Floch (11 buts), Flack (3 buts), Gergotich (3 buts), Pouillot (3 buts), Deru (2 buts), Raab (2 buts), Rivero (2 buts), Lemaitre (1 but), Maestroni (1 but), Heil (1 but), L.Abautret (1 but)

Coupe de France : éliminé en 1/16èmes de finale

Un coup de tonnerre résonne dans le ciel du football nantais durant l’intersaison estivale 1946, Aimé Nuic claque la porte du F.C Nantes et prend la direction du Luxembourg. Le lorrain n’a pas apprécié l’ingérence grandissante de ses dirigeants dans les affaires sportives du club, il semblerait que des divergences concernant le recrutement aient notamment joué un rôle de détonateur lors du départ du premier entraineur de l’histoire du Football Club de Nantes.
Toujours est-il que le mois d’août est déjà entamé quand le F.C.N se retrouve sans directeur technique à sa tête. Une situation embarrassante qui force les dirigeants, pressés par le temps, à trouver une solution rapide à cet épineux problème de défection d’entraineur. On peut donc considérer que c’est une solution “par défaut” qui amène Antoine Raab à prendre la direction technique du F.C Nantes. Raab, comme son prédécesseur Nuic à ses débuts à Nantes, cumulera donc les fonctions d’entraineur et de milieu de terrain.

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Antoine Raab, nouvel entraineur-joueur du F.C.N
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 19/8/1946)

Une conséquence directe de ces atermoiements est que la préparation de l’équipe se trouve bâclée et le début de saison en souffrira. Imaginez donc : les joueurs reprennent le chemin de l’entrainement seulement le 6 août, plusieurs joueurs titulaires manquant à l’appel, douze jours avant la date prévue pour disputer la première journée du championnat à Besançon. Les autres équipes de D2 ont déjà deux semaines d’avance dans leur préparation ! Tout juste, Raab a-t-il le temps d’organiser une confrontation entre “Possibles” et “Probables” au Stade du Vivier pour une revue d’effectif le dimanche précédent le voyage à Besançon pour l’ouverture du championnat.

Pour ce qui concerne l’effectif dont dispose Antoine Raab, il a été sensiblement modifié par rapport à la saison précédente. Un des cadres de la défense, Maurice Sellin a été vendu pour 500 000 francs au Stade Rennais, ce qui a permis de combler le déficit de la saison précédente. Son départ est compensé par l’arrivée d’ Eugène Abautret en provenance de Lesneven où il jouait avec ses 4 autres frères, dont Léon et Marcel qui  viendront aussi à Nantes ultérieurement. La filière bretonne du recrutement fonctionne à plein régime durant l’été 46 puisque Jacques Scuillier, un marin-pêcheur de Penmarc’h (auteur d’essais très concluant avec le F.C.N au printemps 1946) et Charles Deru de Rosporden endossent également le maillot jaune et vert. Stanislas Flack, le petit attaquant de Couëron, vient compléter la ligne d’avant.

Cette saison là, le F.C.Nantes c’est 4 équipes seniors : l’équipe fanion professionnelle en D2, la réserve des pros (qui se limitera à des matchs amicaux durant la saison contre les meilleures équipes amateurs de la région), l’équipe 1ère Amateur (en 1ère Série Départementale) et sa réserve. Une équipe juniors et une équipe cadets complètent aussi les effectifs du club.

Pour cette nouvelle saison on a fusionné les 2 anciens groupes Nord et Sud de Deuxième Division formant une poule unique de 24 clubs. La santé financière précaire de beaucoup de clubs de D2 inquiète, et les frais de voyage provoqués par le regroupement national effraient les équipes de Brives et Vichy qui préfèrent jeter l’éponge. Le F.C.N s’apprête donc à prendre le départ d’un long marathon de 42 journées d’un championnat qui s’étalera de août 1946 à juin 1947. Nos footballeurs ne vont pas chômer…  Pour l’anecdote, Nantes est la 5ème équipe qui parcourra les plus longues distances avec 32 504 km (Nice quant à lui fera 36 566 km !). Des longs déplacements en train, généralement pour 14 personnes en 3ème classe bien entendu, restrictions budgétaires obligeant, qui représentent un poste de dépenses important et qui n’est compensé qu’aux deux tiers environ par les recettes ramenées de l’extérieur.

Comme prévu, c’est une équipe nantaise mal préparée qui s’incline en Franche-Comté  pour l’ouverture (2-0). Pour leurs débuts à domicile, les canaris sont privés du stade Malakoff dont la pelouse vient d’être ré-ensemencée, la Municipalité n’ayant pas donné l’autorisation à la pratique du football. C’est donc sur le terrain de la St Pierre, au stade du Vivier, que le F.C.N accueille Avignon. Pour l’occasion “la Compagnie des Tramways fera un service spécial entre la place du Commerce et le Vivier et rétablit, comme avant la guerre, l’arrêt juste en face du terrain, évitant aux spectateurs de courir jusqu’à l’arrêt habituel du Croissant”. Évidemment recevoir au Vivier signifie une capacité et un confort des spectateurs moindre. Le nombre de places en tribune honneur est restreint (les membres du Club des Supporters ne pourront même pas y accéder à leur grand dam) et la recette sera forcément réduite d’autant, le trésorier fait grise mine…
David, blessé, laisse sa place pour ce match à Drummer dans les buts nantais. C’est Le Floch, pourtant annoncé incertain dans la semaine, qui arrache le point du match nul en égalisant en fin de match face à des avignonnais coriaces (1-1). Le match suivant tourne à la catastrophe, René Crépin sauvant l’honneur de justesse dans une rencontre écrasée par Troyes (6-1). En début de deuxième période les canaris étaient toujours dans le match (2-1), mais la mauvaise condition physique de quelques joueurs leur a été fatale.

Pour la réception de Valenciennes (un des favoris pour la montée), Raab prend les mesures qui s’imposent, il décide de se passer de Gergotich, Lemaitre et Le Floch, quelques uns de ses meilleurs joueurs, qui sont jugés à court de compétition et hors de forme. Pour les remplacer il fait appel à Scuillier, Flack et…lui même. Pour ce premier match de la saison au Parc Malakoff, les dirigeants nantais maintiennent les tarifs habituels la saison passée : de 120 francs en Tribune d’Honneur à 30 francs dans les gradins sous le tableau d’affichage. Bien que les nordistes paraissent supérieurs, les canaris marquent par deux fois par Flack en début de seconde période et semblent s’acheminer vers un premier succès (flatteur). Mais encore une fois, ils ne tiennent pas la distance et concèdent le point du match nul. Pour se consoler on dira qu’on aurait bien signé pour un tel résultat avant la rencontre et que la prestation des jaune et vert ne fut, somme toute, pas si mal et annonciatrice de beaux jours à venir.

Effectivement, une semaine plus tard, avec le retour de Docquin et Lemaitre, les canaris ne laissent aucune chance à Antibes (3-0) pour un premier succès à domicile qui en appelle d’autres. L’adversaire s’est avéré faiblard et le score aurait dû être beaucoup plus lourd sans la maladresse des attaquants locaux, on s’en contentera pour le moment.

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15/9/46 (5ème journée D2) : FC Nantes 3-0 Ol.Antibes
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 16/9/1946)

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15/9/46 (5ème journée D2) : FC Nantes 3-0 Ol.Antibes
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 17/9/1946)

Après un match nul et vierge (0-0) accroché au courage et au prix d’une belle défense à Clermont, Vichy ayant fait forfait général, le dimanche 22 septembre est un jour sans championnat, on en profite donc pour faire souffler quelques joueurs en faisant appel à quelques réservistes qui devront montrer leur talent en match amical contre le F.C Lorient d’Antoine Cuissard. C’est la présence de cet international sur la pelouse du Vivier qui attire les nombreux spectateurs. Professionnel avant-guerre avec St Etienne et titulaire en équipe de France, Cuissard n’hésita pas de revenir à Lorient pour relancer le club cher à son cÅ“ur (car créé par ses parents, mareyeurs sur le port de Lorient). Il parviendra même, alors qu’il évolue en Division Honneur Régionale avec les “Merlus”, a être appelé par le sélectionneur. Quand le F.C.L sera remis sur les rails il repartira, naturellement, poursuivre sa carrière “pro” à Saint-Etienne. Cuissard, bien que démontrant toute sa classe, n’empêchera les siens de s’incliner face aux professionnels du F.C.N (4-1).

La mayonnaise commence à prendre entre Raab et son équipe. Pourtant au lendemain d’une défaite à Malakoff face à Nice (8ème journée, le 29/9/1946), une rencontre une nouvelle fois marquée par la désespérante efficacité de la ligne d’attaque, rien ne laisse présager que les canaris vont entamer une incroyable période d’invincibilité qui va durer 19 matchs très exactement.

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29/9/46 (8ème journée D2) : FC Nantes 0-1 Nice
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 30/9/1946)

Deux séries de 5 et 6 victoires consécutives propulsent les footballeurs nantais dans le peloton de tête de la Deuxième Division.

Cette belle série début le 6 octobre avec une victoire à Malakoff face à Toulon (3-2). Après 1 heure de jeu, les canaris mènent (3-0) face à une équipe varoise réduite à 10 depuis que l’un des siens “frappé d’une folie toute méridionale, manifesta son dépit en décochant un coup de pied à l’infortuné arbitre, M.Vauzelles, qui encaissa la ruade, mais expulsa le délinquant. Signalons, en passant, que ce fut là une décision juste parmi pas mal d’erreurs qu’il commit avant et par la suite.” Mais il va suffire que les toulonnais parviennent à réduire la marque à 10 minutes du coup de sifflet final pour que la panique s’empare de la défense nantaise qui encaisse aussitôt un autre but rendant la fin de rencontre pénible pour les supporters. Pour ses débuts à ce niveau, le jeune Deru réussit une belle performance outre le but superbe qu’il marqua.

C’est une nouvelle fois au prix d’une défense intraitable que les nantais ramènent le point du match nul (0-0) au retour d’un déplacement périlleux à Colmar, particulièrement difficile à manier sur ses terres. Par la même occasion, ils se rassurent avec le premier grand rendez-vous de la saison pour le derby à Angers.

Les voisins angevins, au prix d’un recrutement important, n’ont pas d’autre objectif que la montée en D1 et, il faut bien le dire, leur début de saison ne répond pas aux attentes des supporters. Une victoire devant le F.C.N est, par conséquent,impérative.

Avenir de l’Ouest 17/10/1946 :
“La rencontre de dimanche, en particulier, s’annonce sensationnelle. Il s’agit de recevoir le Football Club de Nantes et de se bien comporter devant lui.
Le F.C. Nantes, après un début difficile, semble devoir se reprendre. Le brillant match nul,qu’il a réussi devant Colmar est élogieux au possible. Le S.C.O devra tout remettre en Å“uvre pour triompher. Les points qui sont acquis à cette époque de l’année sont de plus en plus précieux. Le championnat est long direz-vous ? C’est exact, mais ce qui est pris est bien pris. Angers-Nantes, grand derby régional de football doit tenir ce qu’il promet.”

Nous noterons, pour ce derby, l’initiative du Club des Supporters qui organise sans doute le premier déplacement organisé des supporters jaune et vert :

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 4/10/1946)

Heureux ces supporters qui assisteront à la victoire des canaris en terre angevine pour la première fois de leur histoire (0-1 lors de la 10ème journée) !

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Le F.C.N  se présente dans la composition suivante : Drummer - Abautret, Garrec, Raab - Gergotich, Lemaitre - Crépin, Rivero, Scuillier, Maestroni, Le Floch.

La première période est à l’avantage des locaux, mais la défense nantaise est hermétique et résiste bien, une nouvelle fois, aux assauts des attaquants adverses. Le seul but de la rencontre est marqué par Le Floch au terme d’un bel effort de Gergotich, à peine revenu sur la pelouse après s’être fait recoudre l’arcade sourcilière.

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20/10/46 (11ème journée D2) : Angers 0-1 FC Nantes
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 21 octobre 1946)

Évidemment ce revers à domicile est durement ressenti du côté du S.C.O, le F.C.N, avec 10 points en 10 matchs les rejoint à la 9ème place d’un classement mené par Lyon, puis Sochaux, Besançon et Valenciennes.

Côté nantais, on a vu à Angers une équipe soudée, homogène dont l’ossature avec 7 joueurs bretons, est solide…comme du granit. Un groupe est né !

Le S.A Douai, emmené par Ruminski dans ses cages (futur portier de l’équipe de France) et Zboralski son avant-centre franco-polonais (alors meilleur buteur de la division), vont pouvoir le constater à leurs dépens. Les nantais sont intraitables et l’emportent facilement (3-1) après avoir été menés en début de rencontre.


27/10/46 (12ème journée D2) : FC Nantes 3-1 Douai
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 28 octobre 1946)

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27/10/46 (12ème journée D2) : FC Nantes 3-1 Douai
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 28 octobre 1946)

Pour les footballeurs nantais le week-end de la Toussaint 1946 va être consacré au long déplacement en terre catalane pour jouer l’avant-dernier : Perpignan.
L’équipe part de Nantes le vendredi 1er novembre à 14h00 en gare de Nantes pour arriver à Bordeaux où elle couche le soir avant de repartir pour Perpignan où elle arrive le samedi à 17h00. Le retour est prévu avec départ de Perpignan le dimanche soir pour une étape à Toulouse avant de rejoindre Nantes le lundi soir à 21h00. Une véritable excursion pour laquelle il ne faut, bien sûr, rien oublier !
Un long voyage mais qui s’avère fructueux, les attaquants jaune et vert profitent des largesses de la défense catalane et marquent par 5 fois pour une belle victoire à l’extérieur (2-5).

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Si les perpignanais n’ont offert qu’une résistance médiocre aux hommes de Raab, en pleine forme, on s’attend à une autre résistance, nettement supérieure pour la réception d’Alès qui partage la 5ème place avec Nantes. Emmené par leur excellent entraineur Pierre Pibarot, futur grand technicien de la F.F.F, les gardois restent sur une 3ème place la saison précédente dans le groupe Sud de la 2ème Division et font figurent d’outsiders pour la montée à l’échelon supérieur. Ils prennent le déplacement en Loire-Inférieure au sérieux, et se mettent au “vert” du côté d’Angers dès le mercredi qui précède la rencontre du dimanche pour mieux se préparer.

Les Alèsiens vont d’ailleurs faire honneur à leur réputation le 10 novembre au Parc Malakoff en donnant une belle réplique aux nantais. Bien que bousculés, les locaux mènent à la pause (1-0). La réaction des visiteurs est fulgurante au retour des vestiaires, ils renversent la situation et marquent par deux fois (1-2). Quelques semaines plus tôt, ou la saison précédente, les canaris auraient certainement accusé durement le coup et sombré, mais cette année ils font preuve de ressources morales et physiques remarquables. Ils se jettent dans la bataille avec ardeur, Le Floch et un défenseur alésien sont expulsés après un choc, avant que Scuillier n’égalise de la tête. “Il ne restait que quelques minutes à jouer, et l’on s’attendait généralement au match nul quand Gergotich, le Gergo des grands jours qui depuis un moment se montrait particulièrement entreprenant subtilisa la balle à un adversaire avec son habileté coutumière, et puis, tout seul, mine de rien, avec une facilité déconcertante, feintant celui-ci, dribblant celui-là, obligé même d’éviter des coéquipiers désireux de se mêler de ses affaires, il s’en alla mystifier à bout portant les derniers défenseurs, le portier et même… Scuillier qui voulait couronner cette longue et magnifique action. L’exploit de Martial fut salué de frénétiques bravos.” Alès ne s’en remettra pas et Raab ajoutera un quatrième but en fin de rencontre, mettant un point final à cette très belle victoire nantaise acquises devant 4500 spectateurs comblés.

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Le voyage en Picardie pour affronter un mal classé, Amiens, sera l’occasion pour Jacques Scuillier de réussir un “hat-trick” décisif en seconde mi-temps (1-4), rien ne semble alors pouvoir briser l’élan nantais qui prennent la 4ème place du classement et se rapprochent des équipes de tête.

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17/11/46 (15ème journée D2) : Amiens 1-4 FC Nantes
Sans doute Jacques Scuillier qui marque (en short blanc)
(extrait du Miroir des Sports du 19 novembre 1946)

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17/11/46 (15ème journée D2) : Amiens 1-4 FC Nantes
(extrait du Miroir des Sports du 19 novembre 1946)

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17/11/46 (15ème journée D2) : Amiens 1-4 FC Nantes
Au centre de face on aperçoit Antoine Raab près de l’arbitre
(extrait du Miroir des Sports du 19 novembre 1946)

C’est donc au meilleur des moments, le 1er décembre 1946, que pour la 16ème journée du championnat, le F.C.N accueille le leader sochalien, invaincu jusque là. Le F.C Sochaux-Montbélliard, malgré sa relégation de la saison précédente, jouit d’une belle renommée dans le football français (champion de France 1938). Il possède notamment dans son effectif quelques joueurs dont la réputation n’est plus à faire, des joueurs de classe internationale comme Roger Courtois (22 sélections en Équipe de France et 28 buts cette saison là en D2), ou le tandem tchécoslovaque Pépi Humpal (45 buts en 46/47 !) - Louis Dupal (qui sera l’entraineur du FC Nantes de 1956 à 1960).

L’affiche est alléchante, la presse ne s’y trompe pas et en parle dix jours avant la rencontre.

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Match de Gala, donc, avec des tarifs de gala :

- Tribune d’Honneur : 200 fr.
- Tribune Seconde : 150 fr.
- Promenoir devant tribune d’honneur : 120 fr.
- Promenoir devant tribune seconde : 100 fr.
- Gradins couverts en bout de terrain : 80 fr.
- Populaires  (sous tableau d’affichage) : 50 fr.

Des sociétés de transport organisent pour la première fois des cars spéciaux, qui ramèneront des supporters dans un rayon de 50 km autour de Nantes. Le match se joue à guichets fermés avec un nouveau record d’affluence pour l’enceinte sportive nantaise ( 9086 spectateurs qui laissent 917 010 francs aux guichets).

Les canaris sont au complet et se présentent dans la formation suivante : Drummer - Rivero, Abautret, Garrec - Lemaitre, Gergotich - Raab, Maestroni - Le Floch, Scuillier, Crépin.

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1/12/46 (16ème journée D2) : FC Nantes 2-2 FC Sochaux
De gauche à droite, debout : Rivero, Garrec, Abautret, Gergotich, Lemaitre, Drummer.
Accroupis : Le Floch, Raab, Scuiller, Maestroni, Crépin.

“La foule des plus grands jours. Un terrain en excellent état. Deux belles équipes aux prises. Et forcément une belle partie.”

Menés à la marque par deux fois, les canaris montrent du caractère et réussissent à partager les points grâce à Scuillier et Le Floch. Chaque équipe aura eu ses temps forts et “Au total une excellente production du F.C.N et un résultat mérité” (2-2).

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1/12/46 (16ème journée D2) : FC Nantes 2-2 FC Sochaux
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 2/12/1946)

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1/12/46 (16ème journée D2) : FC Nantes 2-2 FC Sochaux
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 2/12/1946)

Pour la première fois de son histoire, avec cette série de bons résultats, on parle du F.C.N dans la presse sportive nationale :

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(extrait du Miroir des Sports du 3 décembre 1946)

Il va d’abord falloir enchainer 3 matchs en 8 jours pendant les fêtes de Noël (un “boxing day” à la nantaise !) avec les réceptions de Nîmes le 22 puis de Béziers le 24 pour finir l’année à Angoulême le 29 décembre.

Contre Nîmes, tout d’abord, les canaris sont accrochés (1-1) au terme d’“un match qu’ils auraient pu perdre et qu’ils devaient gagner”. Raab et Gergotich absents, Roger Pouillot (première apparition chez les pros) et Ludo Giovanetti sont chargés de les remplacer. Les nantais laissent passer leur chance lors de la première mi-temps qu’ils dominent largement, sans inscrire le moindre but malheureusement. A la reprise les gardois s’enhardissent et ouvrent la marque avant que les canaris ne parviennent à égaliser pour un nul décevant au final.

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22/12/46 (18ème journée D2) : FC Nantes 1-1 Nimes Ol.
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 23/12/1946)

Pas le temps de tergiverser au sujet de cette relative contre-performance, deux jours plus tard, en semaine, le jour du réveillon de Noël, les jaune et vert accueillent Béziers, alors 15ème. A la condition toutefois, que l’on puisse disposer d’un ballon pour ce match :

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 Cette fois ce sont Rivero et Le Floch qui sont forfaits ainsi que Gergotich une nouvelle fois. Raab fait son retour, Pouillot et Giovanetti n’ayant pas convaincu contre Nîmes, on fait appel à Kerdraon, revenu en condition physique, à Albert Heil, et au jeune amateur Buton qui prend le poste d’arrière droit. Un but sur coup-franc de Crépin donne l’avantage aux nantais mais les bitterois ne lâchent rien et parviennent à égaliser. Le match nul (décevant encore une fois) semble acquis et l’on joue la 90ème minute quand, sur un dernier corner, Lemaitre a”d’une tête fantastique de 20m, expédia la balle dans l’angle supérieur de la cage. Véritable exploit que la foule salua comme il se doit”.

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24/12/46 (19ème journée D2) : FC Nantes 2-1 Béziers
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 26/12/1946)

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24/12/46 (19ème journée D2) : FC Nantes 2-1 Béziers
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 26/12/1946)

Après cette victoire obtenue (2-1) à l’arracher,il faut se déplacer à Angoulême au Stade Lebon, un terrain petit et en pente, où il est très difficile de s’imposer. Le match nul (0-0) ramené, donc, de là bas, au prix d’une belle défense, apporte la satisfaction dans le camp nantais.

Le F.C.N termine l’année à la 4ème place. Si la 1ère place semble déjà promise à Sochaux, la deuxième, synonyme aussi de promotion, n’est qu’à 3 points. On commence à rêver de D1 du côté de la rue Racine et plus précisément au dessus du café Graslin où se tient le siège officiel du F.C Nantes. Mais la route est encore longue…

Pas de trêve hivernal, en début d’année 1947, pour les footballeurs. Il faut retourner à Angoulême pour les 32èmes de finale de Coupe de France pour jouer les amateurs de Cazères (voir plus loin), avant de préparer le choc contre le deuxième du championnat : Lyon.

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Le 12 janvier 1947, on reconduit donc les mesures prises contre Sochaux début décembre. Les tarifs sont à nouveau “de gala”, et on peut dorénavant trouver les billets d’entrée en prévente dans 9 cafés qui couvrent quasiment tous les quartiers de la ville.
“Malgré le mauvais temps, une foule record avait envahi le Stade Malakoff, à tel point que des chaises durent être installées sur la pelouse. Elle n’eut pas à regretter son déplacement, car il lui fut donné d’assister à un des matchs les plus intéressants de la saison.”
Voici l’équipe de Nantes telle qu’elle se présente à ses supporters : Drummer - Rivero, Abautret, Raab - Kerdraon, Gergotich - Scuilier, Deru, Lemaitre, Maestroni, Crépin.

Le L.O.U produit une prestation digne de sa place de dauphin ce jour là : “Les Lyonnais alignaient une belle et grande équipe, complète dans toutes ses lignes…un groupement qui ne comporte aucun trou et qui mérite absolument la place qu’il occupe au classement. Le F.C.N n’en a eu que plus de mérite a lui avoir si magnifiquement tenu tête, car hier, comme l’autre jour contre Sochaux, il s’est hissé, sans trop de difficultés, au niveau des meilleurs, et cela, le plus régulièrement du monde.” C’est donc un nouveau match nul (1-1), brillant cette fois, qui clôture cette rencontre entre deux équipes de valeur.

Le jeudi suivant, les canaris n’ayant pu se débarrasser des amateurs de Cazères en Coupe de France lors du premier match joué en début d’année, ils doivent se rendre à Toulouse pour la seconde manche. Ils y obtiennent leur qualification avant de filer directement vers la Capitale où le C.A Paris les attend pour la 22ème journée du championnat.

Au Stade Bauer de Saint-Ouen,  c’est d’abord Le Floch puis Scuillier et Rivero qui marquent. La défense, de son côté, se montre intraitable. La victoire nantaise est indiscutable et indiscutée (0-3). Les canaris ne sont plus qu’à un point des deuxièmes : Lyon et Besançon.

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19/1/47 (22ème journée D2) : CA Paris 0-3 FC Nantes à St Ouen (stade Bauer)
Le gardien parisien intervient devant un attaquant nantais. A droite en short blanc, accourt Le Floch avec Heil derrière lui.

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19/1/47 (22ème journée D2) : CA Paris 0-3 FC Nantes à St Ouen (stade Bauer)
Le Floch encore trop court sur cette nouvelle action nantaise.

Nous sommes alors le 26 janvier et il est temps de jouer le dernier des matchs aller, c’est l’U.S. Le Mans qui vient défier le F.C.N à Malakoff.
Les manceaux ne feront qu’illusion, et encaissent 7 buts face à des nantais en état de grâce (victoire 7-2) : “Le F.C.N pratiqua avec une rare autorité, et sa rapidité générale sur la balle et dans la passe, sa prodigieuse activité, et l’adresse de la plupart de ses joueurs laissèrent souvent les manceaux tout pantois. Il gagna par 7 à 2. Il pouvait tout aussi bien l’emporter par une dizaine de buts tant ses mouvements étaient heureux.”

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26/1/47 (23ème journée D2) : FC Nantes 7-2 Le Mans
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 27/1/1947)

Dans l’équipe du Mans, ce jour là, un des rares à surnager est un certain José Arribas, qui marque même le second but pour ses couleurs.

En fin de journée, on apprendra les défaites de Lyon à Sochaux et de Besançon à Colmar. A mi championnat, le F.C. Nantes est désormais seul deuxième derrière Sochaux et donc, provisoirement, en situation de monter en 1ère Division nationale.

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(extrait du Miroir des Sports du 28 janvier 1947)

Avenir de l’Ouest (28/1/1947) :
“Équipe sans étoiles, Équipe de copains… Le F.C. Nantes peut-il se maintenir au second rang ?
 ”Nantes est assez riche en bons éléments et, s’il n’a pas d’étoiles comme certain voisin (le S.C.O) , il n’en réussit pas moins des performances des plus intéressantes, grâce à la grande camaraderie qui unit tous ses joueurs qu’ils soient bretons ou transplantés.
Bref, voici le F.C.N installé à la seconde place et ceci, juste à la moitié de la compétition. Qui aurait osé pronostiquer un résultat si éclatant au début de la saison ? Mais les faits sont là, et l’on doit en féliciter bien sincèrement tous ceux qui ont contribué à l’obtenir.
Nantes l’équipe sans vedettes, Nantes l’équipe de copains, n’a pas fini de causer des surprises, dont la plus belle serait assurément son accession en division nationale. Pourquoi pas ?

Pourquoi pas effectivement… Il serait pourtant bon de s’inquiéter des blessures qui commencent à s’accumuler chez des joueurs pour le moins très sollicités. Lemaitre, souffre d’un épanchement de synovie suite au match contre Lyon, Garrec, lui, est victime d’une déchirures musculaire. Voici deux titulaires “out” pour les prochaines semaines… Le solide Emile Docquin est donc rappelé à la rescousse chez les pros et Roger Pouillot est maintenu en attaque en attendant le retour de Lemaitre.
L’élimination en Coupe de France , contre Cannes (voir plus loin), est donc vécue plutôt comme une bonne chose : désormais c’est tout pour le championnat !

Le 9 février, après un long et fatiguant voyage vers Antibes (alors avant-dernier), les canaris arrachent une nouvelle fois la victoire (2-3) en fin de rencontre sur un but décisif de Gergotich à la 86ème. Puis c’est un autre mal classé (Clermont) qui est battu à Malakoff par des nantais qui sont apparus lourds, lents et fatigués (3-1).

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16/2/47 (25ème journée D2) : FC Nantes 3-1 Clermont
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 17/2/1947)

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16/2/47 (25ème journée D2) : FC Nantes 3-1 Clermont
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 17/2/1947)

Comme il est de tradition à Nantes à cette époque de l’année, on organise un match amical de gala contre une équipe renommée. L’objectif étant, bien sûr, de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Cette fois l’affiche propose le prestigieux Red Star de Paris qui sera opposé au F.C.Nantes le 18 février, jour de Mardi Gras, donc jour de carnaval férié à Nantes.

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Pour cette rencontre amicale, Antoie Raab fait judicieusement reposer quelques uns de ses joueurs et en profite pour en tester des nouveaux.

On revoit donc David dans les buts qui remplace Drummer, le jeune Deru est à l’aile droite et le réserviste Feron joue demi, enfin on découvre Léon Abautret, fraichement arrivé de Lesneven pour rejoindre son frère Eugène, au poste d’inter. Une équipe “new look” des jaune et vert qui surprend un Red Star lui aussi remanié (5-1) avec 3 buts de Crépin, et un but de Le Floch et Léon Abautret, ce dernier ayant fait une belle impression aux suiveurs : “L’inter-gauche, Léon Abautret. Il fit des débuts étincelants. Il est actif, rapide, bon technicien et son shoot est des plus dangereux. C’est là une recrue de valeur.

En lever de rideau, Edmond Lemaitre fait son retour de blessure avec la réserve pro qui l’emporte (1-0) devant les Cormorans de Penmarc’h (qui avait fêté le mariage d’un des leurs la veille, quittant le bal à 3 heures du matin pour rejoindre Nantes en autocar). L’ancienne équipe de Jacky Scuillier fit mieux que se défendre pour l’occasion. La réception d’après-match sera l’occasion pour le Président des Cormorans, M.Péron, de rappeler la conduite de Jacky et son père pendant la guerre, quand “au nez et à la barbe de l’occupant” ils réalisaient des allers-retours en Angleterre en ramenant des armes pour la Résistance.

Quand à “Monmond”, il fait l’objet d’un article élogieux et mérité dans la presse :

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 18 février 1947)

Trois jours plus tard c’est bien Léon Abautret qui embarque dans le train qui emmène les canaris à Marseille pour y affronter Nice (leur terrain ayant été suspendu pour 2 matchs suite à des incidents en tribune). Les niçois sont, on s’en souvient, les derniers à avoir battu les nantais (0-1) en championnat. C’était le 30 septembre à Malakoff, il y a 5 mois… Que de chemin parcouru depuis lors par l’équipe nantaise !

Dans un Stade Vélodrome “au public restreint mais tout de même connaisseur”, “par un temps doux agrémenté de soleil”,c’est par le même score que se termine la rencontre. Les nantais prennent leur revanche grâce à un unique but de Pouillot inscrit en début de rencontre (8ème).

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23/2/47 (27ème journée de championnat D2) : Nice 0-1 FC Nantes
(extrait du magazine But du 25 février 1947)

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(extrait du Miroir des Sports du 25 février 1947)

Le seul point noir de cette escapade méridionale victorieuse est que E.Abautret et Drummer ont terminé le match blessé. Si pour le premier cela ne s’avère pas très grave, pour le portier nantais, victime d’une fracture du fémur, la saison est terminée malheureusement. C’est naturellement Gaston David qui va le suppléer pour le reste du championnat.

Avec Nice et Troyes, l’autre seule équipe à avoir battu Nantes en début de saison c’est Besançon. Et cela tombe bien car c’est leur prochain adversaire. Les bisontins occupent une bonne 5ème place avec 3 points de retard sur Nantes (qui a joué un match de moins), une défaite à Malakoff leur est interdite s’ils veulent pouvoir continuer à rêver de D1, pour cela ils pourront compter sur leur défense : la meilleure du championnat. Côté nantais, ce match est le début d’une série difficile qui va les faire se déplacer ensuite chez les cadors du championnat durant un mois de mars qui sera décisif.

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Dans un Parc Malakoff qui affiche complet, les canaris ne tremblent pas (2-0) au terme dune rencontre parfaitement maitrisée.
Sont alignés : David - Rivero, E.Abautret, Lemaitre - Kerdraon, Maestroni - Gergotich, L.Abautret - Scuilier, Le Floch, Crépin.
Le F.C.N conforte sa deuxième place, 3 points derrière Sochaux et 3 points d’avance sur Lyon et sur Valenciennes. Besançon ne parait plus être dans la course pour la montée.

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2/3/47 (28ème journée D2) : FC Nantes 2-0 Besançon
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 3/3/1947)

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(extrait du Miroir des Sports du 4 mars 1947)

C’est maintenant l’heure de vérité pour les canaris qui vont jouer une bonne partie de leur avenir en 8 jours. Ce sont déplacements périlleux consécutifs qui attendent les nantais contre des adversaires qui ont tous un point commun : avoir tenu le F.C.N en échec sur sa pelouse au match aller. L’affaire s’annonce donc ardue. Le vendredi 7 mars, en début d’après-midi, le “team” avec 14 joueurs se retrouve sur le quai de la gare pour se diriger vers Avignon. Ils ne rentreront à Nantes que onze jours plus tard ! Gergotich, le plus optimiste, estime pouvoir obtenir 4 points sur ces 3 matchs, mais Antoine Raab et la majorité des observateurs estiment que 3 points seraient déjà pas si mal !

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Sous le soleil d’Avignon, mais sur un terrain détrempé, Nantes et Avignon ne peuvent se départager (1-1), dommage il y avait sans doute mieux à faire. Les jaune et vert ne pouvant tenir le score face à un adversaire dont un équipier, blessé après 10mn, ne faisait que de la figuration.

Sitôt le match terminé la délégation nantaise rejoint Besançon où elle va préparer son choc face à l’ogre sochalien. Une très mauvaise nouvelle arrive alors : René Crépin, s’est blessé dans un choc avec le goal d’Avignon. Il doit rentrer prématurément sur Nantes. C’est donc, sans doute, le meilleur attaquant canari qui doit déclarer forfait pour les 2 prochaines rencontres capitales du F.C.N. Raab est donc obligé d’improviser : c’est “Milo” Docquin, habituel défenseur, qui remplacera Crépin comme ailier gauche.

Dans ces conditions, dans le bourbier du Stade Bonnal, les nantais (en rouge pour ce match) encaissent dès la 10ème minute mais réagissent en se montrant dangereux à plusieurs reprises. C’est tout d’abord la barre transversale sochalienne qui renvoie un tir de Docquin avant que de la main un défenseur local arrête un tir de Léon Abautret. Le pénalty est sifflé, déclenchant un beau chahut dans la foule et sur le terrain. Hélas, Gergotich ne parvient pas à garder son sang froid et tire…à côté des buts. Nantes a laissé passer sa chance et s’écroule dès lors. En moins d’un quart d’heure les “lionceaux” se déchainent et marquent 3 fois avant que la pause ne soit sifflée sur le score de (4-0). Profitant d’une fraicheur supérieure à celle des visiteurs (Sochaux n’a pas joué le dimanche précédent quand Nantes était à Avignon), la seconde période donne lieu encore une fois à un beau récital des attaquants sochaliens qui portent la marque à un incroyable (9-0). Finie la longue série d’invincibilité, il va vite falloir se remettre de cette désillusion car il faut déjà penser au match contre Lyon qui vient de battre Le Mans et a rejoint le F.C.N à la deuxième place.

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13/3/47 (30ème journée championnat D2) : Sochaux 9-0 FC Nantes
(Extraits du Miroir des Sports du 18 mars 1947)

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Le vent a-t-il tourné pour le FC Nantes contre lequel les coups du sort s’accumulent ?

Contre Lyon, dans un stade plein (11 000 spectateurs) les canaris vont pourtant jouer une partie héroïque.

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Avenir de l’Ouest (16/3/1947) :

“Il n’y a pas de mots pour traduire la joie, l’émotion, l’angoisse et les mille sentiments divers qui ont assailli la petite phalange nantaise assistant de la touche à cette partie digne de figurer en lettres d’or dans les annales du Football Club de Nantes.”

Voici la composition du F.C.N de dimanche 16 mars 1947 à Lyon : David - Rivero, E.Abautret, Docquin - Kerdraon, Gergotich -L.Abautret, Maestroni - Scuillier, Le Floch, Raab.

Edmond Lemaitre, touché et fatigué contre Sochaux laisse sa place à Antoine Raab. Face au vent en première période, les canaris ouvrent le score par Le Floch à la 25ème et semblent au-dessus de leur adversaire avant que le sort ne s’emmêle : à la 37ème minute c’est d’abord Le Floch, le buteur, qui est sorti du terrain le visage en sang, la lèvre fendue par un coup de pied. A dix, l’équipe résiste bien et atteint la pause en menant (0-1). Puis dès la reprise, après 5 minutes, cette fois c’est Eugène Abautret, le défenseur central, qui est gravement touché au genou. Les nantais ne sont plus que neuf ! A peine le jeu reprend-il que c’est Scuillier, genou également, qui est évacué par ses partenaires. On reprend à huit et il reste une bonne demi-heure à jouer ! Les canaris se défendent bec et ongle, David, dans les buts, fait des miracles et Raab est le meilleur sur la pelouse. C’est seulement sur un but chanceux dans un cafouillage que les rugueux rhodaniens éviteront la défaite. Le match nul obtenu au coup de sifflet final est accueilli chez les jaune et vert comme une victoire et leur fait passer l’amère pilule sochalienne.

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16/3/47 (31ème journée D2) : Lyon O.U 1-1 FC Nantes
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 18/3/1947)

C’est donc en  “héros” que la délégation des canaris est accueillie à son retour de Lyon par un millier de supporters venus à la gare de Nantes féliciter “ceux qui, avec leur cÅ“ur et leur enthousiasme, avaient porté haut et ferme le renom sportif de notre ville jusqu’à Lyon.” .

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 20/3/1947)

Défilé des joueurs à travers la ville dans des voitures décorées pour l’occasion, discours et avec apéritif d’honneur organisés par le Comité Directeur et le Club des Supporters au Café de Nantes ; on pourrait croire que Nantes vient de gagner la Coupe de France. En fin de journée, les joueurs ne manqueront pas de rendre visite à leur infortuné camarade, Charles Drummer, à l’Hôpital Saint-Jacques.

Pourtant l’heure n’est plus à la joie chez les jaune et vert. L’addition des indisponibilités commence à peser lourd alors que l’on se profile la dernière ligne droite. Comme pour Drummer, les saisons d’Eugène Abautret et Jacky Scuillier sont terminées, tous les deux touchés aux ligaments du ménisque et qui doivent subir une intervention chirurgicale. Garrec, “le scientifique défenseur”, absent déjà depuis plusieurs matchs, est toujours en voie de guérison et Riv0, légèrement touché à Lyon sera également forfait pour la réception de Troyes. Crépin et Lemaitre sont heureusement de retour ainsi que Le Floch, “le forgeron de Basse-Indre” à qui on a retiré les agrafes en milieu de semaine.

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Contre une équipe des “bonnetiers” de Troyes qui vaut beaucoup mieux que la place qu’elle occupe au classement (13ème), les attaquants nantais, désorganisés ne concrétisent pas leurs occasions. L’absence de Scuillier se fait sentir et c’est par un décevant (0-0) que les deux équipes se séparent. Dommage car dans le même temps, Lyon est accroché à Angoulême. Le F.C.N se maintient donc à la deuxième place à égalité de points avec Lyon et seulement deux points d’avance sur Valenciennes leur prochain adversaire dans le Nord.

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23/3/47 (32ème journée D2) : FC Nantes 0-0 Troyes
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 24/3/1947)

A Valenciennes, il n’y eut pas de miracle, le F.C.N s’incline logiquement (2-0) face à un adversaire supérieur en technique et qui fait la décision dès le début du match. Raab rectifie le tir en passant en défense centrale et stabilise l’équipe mais il est trop tard, malgré leurs efforts les canaris ne parviennent pas à sauver l’honneur. De plus, Garrec, à nouveau titulaire après une absence de plusieurs matchs, a rechuté. Sans doute a-t-il repris trop vite, on le reverra plus avant la saison prochaine. Cette fois la deuxième place s’échappe, le F.C Nantes est désormais 4ème après 33 journées.

Une belle réaction contre Angoulême le dimanche suivant serait de nature à redonner espoir aux supporters, que les dernières rencontres ont plongé dans le doute. Le problème, voyez-vous, c’est que les Charentais sont en pleine forme, sur une série d’invincibilité de deux mois qui les a propulsé en 1/2 finale de la Coupe de France, en éliminant le Red Star et Reims, excusez du peu ! En championnat ils sont sur les talons des nantais et n’ont pas encore abdiqué sur leur possibilité d’accession.

Le 7 avril, Dimanche de Pâques, les derniers espoirs nantais vont s’envoler dans les bourrasques du Stade Malakoff. Le vent souffle fort en effet ce jour là et va jouer un rôle prépondérant. Pour pallier l’absence d’Eugène Abautret au poste d’arrière central, c’est Antoine Raab qui s’y colle. Le problème c’est qu’Antoine joue sur une patte depuis quelques matchs, il traine une blessure qu’il essaie de soigner, comme Garrec, avec “un traitement électrique dont les premiers résultats sont prometteurs.”Il va vivre un véritable calvaire en première période, face à un avant-centre angoumoisin, Cousin, qui le prend à chaque fois de vitesse et marque par 3 fois. L’arbitre siffle le repos sur le score incroyable de (0-4) pour les visiteurs qui ont parfaitement su profiter du vent favorable. Dès la reprise, les attaquants canaris se jettent à l’attaque pour refaire leur retard. Ils marquent une fois, deux fois… trois fois ! Le partage des points est à leur portée d’autant plus que les blessés s’accumulent chez les charentais qui terminent avec 8 joueurs valides et 3 éclopés. Le public nantais pousse ses joueurs et son chauvinisme exacerbé le fait même dépassé les limites de la correction : un spectateur insulte Cousin, l’avant-centre d’Angoulême, qui le frappe en retour et est exclu du terrain ! Emile Docquin, qui vient se mêler de ce qui ne le regarde pas, met un coup de tête à Cousin et l’accompagne aux vestiaires (ils écoperont de deux matchs de suspension avec sursis chacun). Des incidents qui brisent l’élan des canaris, le score n’évoluera plus et c’est une nouvelle défaite (3-4). La défense des jaune et vert, si souvent à l’honneur cette saison, vient de craquer. Les rêves de la promotion en 1ère Division viennent de s’envoler dans les rafales de Malakoff ! Clairement on n’y croit plus, il va maintenant falloir terminer la saison du mieux possible et préparer la suivante.

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Le lendemain, le lundi de Pâques, c’est la réserve pro avec quelques amateurs qui est opposée au Stade Quimpérois (victoire 7-4). Dans les rangs nantais on trouve notamment, Albert Heil (auteur de 3 buts), Charles Deru et Roger Pouillot, des joueurs qui ont évolué parfois avec l’équipe première. Pour ce match on met également à l’essai Zygmont, un attaquant polonais qui porte habituellement les couleurs d’Ancenis et qui signera au F.C.N en fin de saison.

Le repos forcé de deux semaines (exempts en championnat) fait du bien aux corps et aux têtes qui vont retrouver le moral lors du déplacement à Toulon.

Par temps chaud, et sur le terrain bosselé du Stade Mayol, les canaris l’emportent (0-2) en fin de rencontre sur un doublé de Crépin. Gaston David, le goal nantais, est également décisif. C’était pourtant une équipe encore une fois très remaniée (absences de Rivero et Raab remplacés par Buton et Heil) qui avait le déplacement dans le Var avec, somme toute, peu d’espoir.

Alors regain de forme ou simple feu de paille, cette victoire à Toulon ? Le prochain match face à Colmar (8èmes) nous éclaircira sur ce point le dimanche suivant.

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Privés cette fois de Kerdraon et Léon Abautret, les canaris se montrent “fatigués et sans cran ni ressort”. Colmar apparait, quant à lui, ardent, vigoureux et décidé. Sa victoire (1-2) est donc régulière. Le F.C.N n’est décidément plus dans le coup.

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27/4/47 (37ème journée D2) : FC Nantes 1-2 Colmar
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 28/4/1947)

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27/4/47 (37ème journée D2) : FC Nantes 1-2 Colmar
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 29/4/1947)

Leur dernière victoire de la saison en championnat, les canaris vont la chercher à Nîmes le 1er mai. Puis vint une longue agonie, l’équipe ne remportant aucun de leur 8 derniers matchs de championnat, s’inclinant parfois lourdement. C’est le cas à Béziers (3-0) et au Mans (5-0).

Le 15 mai, jeudi de l’Ascension, c’est jour de derby à Malakoff. . Les voisins du S.C.O viennent à Nantes, pour prendre leur revanche du match aller. La dynamique leur est favorable et ils caressent encore l’espoir de monter : ils occupent la 3ème place ex-æquo avec Lyon à seulement un point d’Alés. Côté nantais, on n’a plus rien à espérer sinon jouer un mauvais tour au voisin…

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A.PIC dans l’Avenir de l’Ouest (14/5/1947):

On peut regretter, au moment ou S.C.O et F.C.N vont s’affronter pour la seconde fois cette saison, que ces équipes ne se trouvent pas dans la même situation, c’est à dire toutes deux candidates à la division nationale. C’eut été, alors, un match à terribles émotions. Ce qui ne signifie pas pour autant, je me hâte de le souligner, que l’immense foule qui se pressera demain au Stade Malakoff - un stade beaucoup trop petit, puisqu’on jouera à guichets fermés - ne vibrera pas au joli spectacle de l’ardente bataille que ne manqueront pas de se livrer les “équipes sÅ“urs” transformées pour un jour - dure mais inéluctable loi du sport - en ennemies.”

Près de 4000 supporters angevins ont parcouru les 90 kilomètres qui séparent les deux villes pour venir encourager leur équipe. C’est donc dans un stade Malakoff archi-bondé (10 500 spectateurs pour 975 000 francs de recette, on n’avait jamais vu ça pour un match de football), au grand mécontentement de certains spectateurs qui ne voient pas grand chose depuis leur place, que les deux équipes vont s’affronter. Les jaune et vert sont courageux et produisent une bonne partie, mais les angevins, avec leurs stars, sont supérieurs et, surtout, plus efficaces. Un but en première période, deux autres en seconde et la victoire est dans leur poche (0-3). En trois matchs les canaris viennent d’encaisser 11 buts et en ont marqué…aucun !

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15/5/47 (41ème journée D2) : FC Nantes 0-3 Angers
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 16/5/1947)

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15/5/47 (41ème journée D2) : FC Nantes 0-3 Angers
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 16/5/1947)

Évidemment, le dimanche suivant, pour la venue du C.A. Paris, l’ambiance n’est plus la même entre deux équipes qui n’ont rien à espérer ni à craindre en cette fin de championnat. C’est donc à un match de fin de saison, dans la chaleur et la fatigue, qu’elles se partagent les points (1-1).

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18/5/47 (42ème journée D2) : FC Nantes 1-1 C.A.Paris
(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 20/5/1947)

Il n’y a plus d’essence dans le moteur du F.C.N qui ne parvient même à battre l’avant-dernier, Perpignan, à Malakoff (2-2) et revient encore défait du Nord contre Douai (3-1). Le dernier match à domicile contre Amiens, prévu initialement le 8 juin est reporté par suite d’une grève de cheminots qui empêche les Picards de rejoindre Nantes. On va donc d’abord réaliser le dernier déplacement, et par n’importe où : à Alès, sur le terrain de l’actuel deuxième qui n’a besoin que d’un point pour s’assurer la montée en Première Division. On s’attend à trouver une équipe nantaise démobilisée, proie facile des gardois qui n’en feront qu’une bouchée. Eh bien non ! Les canaris montrent un remarquable esprit de compétiteur, menaçant plusieurs fois le gardien local, touchant les poteaux, faisant passer des frissons dans le dos des supporters alèsiens mais cédant au final dans les 10 dernières minutes (2-0).  Alès peut fêter son accession en Championnat National.

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Enfin, le 19 juin on clôture cette saison interminable à Malakoff contre Amiens. Marcel Cerdan, qui combat le soir même à Nantes, donne le coup d’envoi, mais une nouvelle fois les attaquants canaris manquent de “punch” et ne concrétisent pas leur nette domination, il n’y a plus rien dans les chaussettes jaune et verte. Ils se font cueillir irrémédiablement en fin de match sur un contre des visiteurs pour une dernière défaite (0-1).

Au final le FC Nantes se classe 8ème en championnat, un rang qui ne reflète aucunement tous les espoirs que l’équipe avait fait naître durant l’hiver dans le cÅ“ur des supporters et des dirigeants.

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(extraits du Miroir des Sports du 15 avril 1947)

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Le parcours de l’équipe en Coupe de France cette saison là fut meilleur que les précédents sans être toutefois extraordinaire.

Cela commence à Saint-Malo, le 24 novembre 1946, face à une vieille connaissance : l’U.S. Servanaise-St Malo. Mais trois ans plus tard, l’équipe malouine n’est qu’une pale copie de celle qui avait mené la vie dure aux canaris en 1944 sous la houlette d’Alex Thépot.La victoire nantaise sera écrasante (6-0). A l’occasion de ce déplacement, toute source d’économie étant précieuse, l’autocar emmenant les joueurs à St Malo n’étant pas complet, les dirigeants du F.C.N proposent aux supporters d’accompagner l’équipe pour 400 francs.

C’est donc facilement que le F.C.N atteint le 5ème tour de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Le tirage au sort est clément avec les canaris en leur proposant la réception de Saint-Brieuc (Division Honneur Régionale). Un match sans histoire remporté sur le score net et sans bavure de 3-0.

En 32èmes de finale, par contre, les canaris devront batailler ferme pour venir à bout des amateurs de l’US Cazèrienne qui vendront chèrement leur peau. Cazères est alors une petite bourgade de Haute-Garonne coincée entre Toulouse et les Pyrénées. Son équipe de foot, l’U.S.C évolue en Division d’Honneur et jouit d’une belle réputation dans le monde amateur. N’a-t-elle pas été Vice-championne de France amateur la saison précédente ? Pas étonnant donc qu’ils aient donné du fil à retordre au F.C Nantes.

C’est Angoulême, le 5 janvier 1947, qui accueille le 1er match qui s’achève sur le score de parité (2-2) au terme de prolongations où les canaris pensaient avoir le plus dur quand Giovanetti leur donna l’avantage. Mais c’était sans compter sur le moral des amateurs qui égalisèrent aussitôt forçant les nantais à un “re-match” onze jours plus tard, à Toulouse cette fois.

Et c’est encore les cazèriens qui entrent le mieux dans la rencontre, il marquent d’entrée (6ème) puis se procurent de belles occasions de faire le break avant que les jaune et vert ne se réveillent enfin et démontrent une efficacité remarquable avant la pause qu’ils atteignent sur le score de (3-1) en leur faveur, pour un score final sans appel (6-2) qui ne traduit pas la belle résistance des amateurs en l’occurrence.

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16/1/47 (1/32èmes finale Coupe France) : FC Nantes 5-2 Cazères
(extrait du Miroir des Sports du  21 janvier 1947)

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16/1/47 (1/32èmes finale Coupe France) : FC Nantes 5-2 Cazères
(extrait du Miroir des Sports du  21 janvier 1947)

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16/1/47 (1/32èmes finale Coupe France) : FC Nantes 5-2 Cazères
(extrait du Miroir des Sports du  21 janvier 1947)

Au tour suivant, pour les 1/16èmes de finale , il faut se frotter à une D1 : l’entente AS Cannes-Grasse sur le terrain neutre de Saint-Étienne. Le dimanche précédent les nantais ont le loisir de superviser leurs adversaires qui, comme eux, jouent à Paris. Sans Lemaitre (blessé) l’équipe de Nantes fait jeu égal avec son adversaire mais cèdent par deux fois en deuxième période quand les méridionaux, au long jeu direct, profitent du vent favorable, de leur engagement à la limite de la régularité, et surtout de deux erreurs de Drummer, le goal nantais pour l’emporter (2-0). Les azuréens qui se classeront 8ème en championnat de France tomberont à leur tour lourdement face à Strasbourg (5-0) au tour suivant. Quant aux nantais, ils prendront leur revanche face à Cannes deux ans plus tard.

Si d’un point de vue sportif le déroulement de la saison laisse quelques regrets, le bilan financier, quant à lui, est catastrophique.

Dès le 5 novembre 1946, l’Avenir de l’Ouest alerte sur la précarité de la trésorerie du club :

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“Pourquoi faut-il que les finances du club soient si peu brillantes ! Trop de personnes s’imaginent encore qu’une société de seconde division peut vivre avec ses seules recettes. Quelle erreur ! Nantes aurait besoin d’une moyenne de recettes de 300 000 francs pour arriver à équilibrer tout juste son budget. Or, on est bien loin de ce chiffre, et ce n’est pas sans inquiétude que les dirigeants envisagent l’avenir. Malgré eux, au début de cette saison, ils ont été amenés à se séparer de Maurice Sellin afin de pouvoir “boucher un trou”. Grâce aux prix de son transfert au Stade Rennais. Ils ne voudraient pas avoir à renouveler ce geste, car ils aiment leurs joueurs et ils tiennent à poursuivre leur politique de recrutement à majorité régionale : ils veulent que le F.C.N reste le porte-drapeau de notre football, et on ne peut que les en féliciter.
Cette situation financière n’est d’ailleurs pas spéciale à Nantes. Aucun club de seconde division n’est capable d’équilibrer son budget avec ses seules recettes. Partout, des firmes commerciales ou industrielles appuient les sociétés sportives. Sans leurs généreuses subventions, ces sociétés, où les recettes sont bien inférieures à celles de Nantes, se verraient contraintes d’abandonner le professionnalisme, tant sont élevées les taxes de toutes sortes. Sait-on que sur une recette de 300 000 francs, il ne reste guère que 100 000 francs au F.C.N ? Ce n’est assurément pas avec cela qu’il peut faire face à ses longs et coûteux déplacements, et aux indispensables frais d’équipement, d’assurances, de bureau, sans parler des appointements et des primes aux joueurs. Alors ?
Eh bien quelques dévoués dirigeants et le groupement des supporters sont obligés, trop souvent, de “taper” dans leurs portefeuilles, ou de s’ingénier, par des fêtes, des tombolas, à trouver quand même le capital défaillant.
Cette situation ne saurait, évidemment durer. Pour y mettre fin, une seule solution : passer en division nationale, où les recettes beaucoup plus importantes, permettront au F.C.N de bien vivre. Joueurs et dirigeants sont tendus vers cet objectif. On peut être sûr qu’ils feront tout leur devoir. Mais il faut les aider !
Les mécènes sont, hélas, rares, chez nous. Nantes, capitale de l’Ouest ? D’accord. Mais en sports comme pour le reste…Il n’est pas possible qu’on reste sourd ici à l’appel du F.C.N. Des listes de souscriptions vont bientôt circuler. La presse les publiera. Il importe, pour le renom toujours plus grand de notre cité qu’elles se remplissent vite et bien afin que puisse vivre le football nantais. Car il n’est pas possible que ne soit pas réalisé à Nantes, ce qui l’a été à Angers, Douai, Perpignan, Besançon, Angoulême, etc… Si nous voulons une grand équipe et de jolies parties de football, souscrivons.
A.PIC”

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Des carnets de souscription pour aider le F.C.Nantes sont donc placés dans une vingtaine de cafés ou magasin de l’agglomération pour recueillir les dons qui vont s’élever à un peu moins de 80 000 francs. Pas vraiment de quoi pouvoir recruter un renfort de qualité !

Alors, en début d’année 1947, on lance une autre initiative avec le “Club des Mille”, une formule qui a déjà fait ses preuves dans le midi, à Cannes, Antibes et Toulon. Son principe est le suivant : “Chaque adhérent s’engage à acquitter une cotisation mensuelle de cent francs. La cotisation ne sera pas perçue pendant les mois d’intersaison, juillet et août. Il est possible de s’acquitter en une seule fois de la cotisation annuelle, soit mille francs.” L’objectif étant d’atteindre les Mille adhérents pour permettre de disposer annuellement d’un million de francs.

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 Fin mars, ce sont les réceptions d’après-match qui sont réduites au minimum :

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 29/3/1947)

Malgré toutes ces belles initiatives les comptes sont dans le rouge en fin de saison et il manque 1 768 000 francs pour atteindre l’équilibre. C’est à peu près la valeur (1 950 000 francs) qu’ont rapporté la vente aux enchères en décembre 1946 des tableaux mis sous séquestre et appartenant à Jean Le Guillou, ancien mécène et président du F.C.Nantes à ses premières heures, alors en exil en Suisse.

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 29/7/1947)

La Municipalité fait la sourde oreille pour donner une subvention exceptionnelle qui comblerait le déficit. Il y a tant à faire à Nantes en cette période de reconstruction que le football est tout, sauf une priorité des édiles municipaux. Toutefois, l’amélioration des installations sportives est toujours d’actualité et, outre le Parc Malakoff, durant l’hiver le Stade du Parc de Procé a subi des gros travaux pour le mettre à niveau, c’est le cas de le dire, puisqu’il présentait auparavant une pente d’ 1 mètre 30 dans le sens de la longueur ! Le F.C.N va donc pouvoir disposer de meilleures conditions d’entrainement dont profiteront de nombreux joueurs canaris, jeunes, amateurs ou pros pendant de longues années avant de migrer aux Basses Landes puis à la Jonelière.

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(extrait de l’Avenir de l’Ouest du 19/11/1946)

Le F.C.N doit par conséquent, soit abandonner le professionnalisme et être rétrogradé chez les amateurs, soit réduire son train de vie et se séparer de quelques uns de ses meilleurs joueurs. Évidemment c’est la seconde solution qui est retenue. Gergotich est vendu à Alés (néo promus en D1) pour 650 000 francs, Edmond Lemaître à Metz pour 800 000 francs, et Gaston David 500 000 francs à Nancy. Le compte est bon pour ce qui est des finances, mais pour le domaine sportif les lendemains s’annoncent difficiles pour un F.C.N forcé de se rabattre sur un recrutement régional pour remplacer ces joueurs importants. C’est avec beaucoup de regret et d’amertume que les supporters nantais voient partir Gergotich et Lemaitre, deux des meilleurs joueurs du F.C. Nantes à ses débuts, quel avenir pour le F.C.N dans ces conditions ?

Bilan de la saison :

Championnat de Deuxième Division

1ère journée :    Besançon 2-0 FC Nantes (18/8/46)avenir-de-louest-19-8-1946a.jpg
2ème journée :  FC Nantes 1-1 Avignon (25/8/46)avenir-de-louest-26-8-1946a.jpg
But : Le Floch
3ème journée :  Troyes 6-1 FC Nantes (1/9/46)avenir-de-louest-2-9-1946a.jpg
But : Crépin
4ème journée :  FC Nantes 2-2 Valenciennes (8/8/46)avenir-de-louest-9-9-1946a.jpg
Buts : Flack x2
5ème journée :  FC Nantes 3-0 Antibes (15/9/46)avenir-de-louest-16-9-1946c.jpg
Buts : Scuillier x2, Flack
6ème journée :  Clermont 0-0 FC Nantes (19/9/46)avenir-de-louest-20-9-1946a.jpg
8ème journée :  FC Nantes 0-1 Nice (30/9/46)avenir-de-louest-30-9-1946b.jpg
9ème journée :  FC Nantes 3-2 Toulon (6/10/46)avenir-de-louest-7-10-1946b.jpg
Buts : Le Floch, Deru, Scuillier
10ème journée :  Colmar 0-0 FC Nantes (13/10/46)equipe-14-10-1946.jpg
11ème journée : Angers 0-1 FC Nantes (20/10/46)avenir-de-louest-21-10-1946b.jpg
But : Le Floch
12ème journée : FC Nantes 3-1 Douai (27/10/46)avenir-de-louest-28-10-1946b.jpg
Buts : Scuillier, Crépin x2
13ème journée : Perpignan 2-5 FC Nantes (3/11/46)avenir-de-louest-4-11-1946c.jpg
Buts : Scuillier x2, Raab, Le Floch x2
14ème journée : FC Nantes 4-2 Alès (10/11/46)avenir-de-louest-11-11-1946b.jpg
Buts : Crépin, Scuillier, Gergotich, Raab
15ème journée : Amiens 1-4 FC Nantes (17/11/46)avenir-de-louest-18-11-1946a.jpg
Buts : Le Floch, Scuillier x3
16ème journée : FC Nantes 2-2 Sochaux (1/12/46)avenir-de-louest-2-12-1946b.jpg
Buts : Scuillier, Le Floch
18ème journée : FC Nantes 1-1 Nîmes (22/12/46)avenir-de-louest-23-12-1946b.jpg
But : Crépin
19ème journée : FC Nantes 2-1 Béziers (24/12/46)avenir-de-louest-26-12-1946c.jpg
Buts : Crépin, Lemaitre
20ème journée : Angoulême 0-0 FC Nantes (29/12/46)avenir-de-louest-30-12-1946a.jpg
21ème journée : FC Nantes 1-1 Lyon (12/1/47)avenir-de-louest-13-1-1947c.jpg
But : Maestroni
22ème journée : CA Paris 0-3 FC Nantes (19/1/47)avenir-de-louest-20-1-1947b.jpg
Buts : Le Floch, Scuillier, Rivero
23ème journée : FC Nantes 7-2 Le Mans (26/1/47)avenir-de-louest-27-1-1947d.jpg
Buts : Le Floch, Scuillier x2, Pouillot, Crépin x3
24ème journée : Antibes 2-3 FC Nantes (9/2/47)avenir-de-louest-10-2-1947b.jpg
Buts : Crépin, Gergotich x2
25ème journée : FC Nantes 3-1 Clermont (16/2/47)avenir-de-louest-17-2-1947d.jpg
Buts : Le Floch, Scuillier, Crépin
27ème journée : Nice 0-1 FC Nantes (23/2/47)avenir-de-louest-24-2-1947c.jpg
But : Pouillot
28ème journée : FC Nantes 2-0 Besançon (2/3/47)avenir-de-louest-3-3-1947a.jpg
Buts : Scuillier (x2)
29ème journée : Avignon 1-1 FC Nantes (9/3/47)avenir-de-louest-10-3-1947b.jpg
But : Scuillier
30ème journée : Sochaux 9-0 FC Nantes (13/3/47)avenir-de-louest-14-3-1947b.jpg
31ème journée : Lyon 1-1 FC Nantes (16/3/47)avenir-de-louest-17-3-1947c.jpg
But : Scuillier
32ème journée : FC Nantes 0-0 Troyes (23/3/47)avenir-de-louest-24-3-1947a.jpg
33ème journée : Valenciennes 2-0 FC Nantes (30/3/47)avenir-de-louest-31-3-1947a.jpg
35ème journée : FC Nantes 3-4 Angoulême (6/4/47)avenir-de-louest-8-4-1947a.jpg
Buts : Crépin x2, Rivero
36ème journée : Toulon 0-2 FC Nantes (20/4/47)avenir-de-louest-21-4-1947a.jpg
Buts : Crépin x2
37ème journée : FC Nantes 1-2 Colmar (27/4/47)avenir-de-louest-28-4-1947b.jpg
But : ?
38ème journée : Nîmes 1-2 FC Nantes (1/5/47)avenir-de-louest-2-5-1947a.jpg
Buts : Le Floch, Heil
39ème journée : Béziers 3-0 FC Nantes (4/5/47)avenir-de-louest-5-5-1947a.jpg
40ème journée : Le Mans 5-0 FC Nantes (11/5/47)avenir-de-louest-12-7-1947a.jpg
41ème journée : FCNantes 0-3 Angers (15/5/47)avenir-de-louest-16-5-1947b.jpg
42ème journée : FC Nantes 1-1 CA Paris (18/5/47)avenir-de-louest-19-5-1947a.jpg
But : L.Abautret
43ème journée : FC Nantes 2-2 Perpignan (25/5/47)avenir-de-louest-27-5-1947a.jpg
Buts : Deru, Pouillot
44ème journée : Douai 3-1 FC Nantes (1/6/47)avenir-de-louest-2-6-1947a.jpg
But : Crépin
46ème journée : Alès 2-0 FC Nantes (15/6/47)equipe-16-6-1947.jpg
45ème journée : FC Nantes 0-1 Amiens (19/6/47)avenir-de-louest-20-6-1947a.jpg

Classement

Clast Clubs Pts J G N P Bp Bc Diff
1 Sochaux 63 42 25 13 4 141 61 80
2 Alès 58 42 26 6 10 110 68 42
————————
3 Angers 56 42 24 8 10 98 55 43
4 Valenciennes 55 42 22 11 9 68 47 21
5 Lyon 53 42 23 7 12 81 48 33
6 Angoulême 51 42 18 13 10 88 61 27
7 Colmar 49 42 19 11 12 80 75 5
8 FC Nantes 45 42 16 13 13 66 70 -4
9 Nîmes 42 42 15 12 15 69 68 1
10 Avignon 42 42 18 6 18 75 81 -6
11 Douai 41 42 13 15 14 62 60 2
12 CA Paris 41 42 15 11 16 76 74 2
13 Amiens 38 42 15 8 9 63 77 -14
14 Besançon 37 42 13 7 20 54 58 -4
15 Béziers 37 42 12 13 17 57 62 -5
16 Troyes 37 42 11 15 16 59 68 -9
17 Clermont* 37 42 12 13 17 69 81 -12
18 Nice 36 42 14 8 20 56 73 -17
19 Le Mans 33 42 13 7 22 66 95 -29
————————-
20 Toulon 32 42 12 8 22 69 64 -5
21 Perpignan 22 42 8 6 28 57 130 -73
22 Antibes 19 42 7 5 30 42 120 -78

* en fin de saison Clermont abandonne le professionnalisme et est relegué

Buteurs : Humpal (Sochaux),45 buts - Rouvière (Alès),40 buts - Suprina (Lyon),30 buts - Courtois (Sochaux),28 buts - Leglise (Valenciennes), 26 buts - Cousin (Angoulême),25 buts - Richardot (Alès),24 buts - Ponticelli (CAP), 23 buts - Salette (Alès),21 buts…. - Arribas (Le Mans), 7 buts…

Coupe de France

4ème Tour
FC Nantes 6-0 U.S St Servan-St Malo (24/11/46)

5ème tour
FC Nantes 3-0 Saint-Brieuc (15/12/46)avenir-de-louest-16-12-1946b.jpg
Buts : Le Floch, Crépin, Scuillier

32ème de finale
match joué le 4/1/1947 à Angoulême.
FC Nantes 2-2(ap) US Cazérienne (DH)avenir-de-louest-6-1-1947a.jpg
Buts : Crépin, Giovanetti
match rejoué le 16/1/1947 à Toulouse
FC Nantes 5-2 US Cazérienne (DH)avenir-de-louest-17-1-1947a.jpg
Buts : Scuillier x2, Le Floch x2, Pouillot

16ème de finale
match joué le 2/2/1947 à St Etienne
AS Cannes-Grasse (D1) 2-0 FCNantesavenir-de-louest-3-2-1947b.jpg

Dernière mise à jour : 3/2/2025

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